Le 16 décembre prochain, les sociétaires de la coopérative Lacopab, dans l'Ain, seront amenés à se prononcer sur le projet de fusion-absorption avec Sodiaal Union. Sous réserve d'une majorité des deux tiers, 46 producteurs représentant 15 Ml devraient rejoindre le groupe national en tant qu'apporteurs directs.
Après les difficultés du marché de l'emmental basique, la hausse des prix du lait Spot depuis dix-huit mois a remis en cause le modèle économique sur lequel s'appuyait la fromagerie de Leyment. L'achat de lait Spot à bas prix (jusqu'à un tiers de l'approvisionnement) a longtemps compensé la taille critique de la fromagerie productrice d'emmental en blanc (10 000 t) et l'absence de structure propre d'affinage et de commercialisation. Déléguée à la société Dominici jusqu'à fin 2011, cette partie avait été reprise par le groupe Centurion, emballeur-conditionneur d'emmental, propriétaire d'un site d'affinage à Montmélian, en Savoie.
Le départ des 32 Ml des ex-URCVL a pesé lourd
Les difficultés de Lacopab ont été accentuées par le départ des producteurs de l'OP Leymental, le 1er avril dernier. Apportant 32 millions de litres de lait, les sociétaires des trois coopératives ex-URCVL ont refusé de continuer à jouer les variables d'ajustement et à être rémunérés à un prix « misérable » (273 €/1 000 l en moyenne en 2012, 268 €/1 000 l au premier trimestre 2013). Reprenant leur autonomie, ils ont trouvé de nouveaux débouchés à leur lait chez Guilloteau (site de Belley) et chez l'italien Alpi. Cette société approvisionne en lactosérum plusieurs tours de séchage d'Eurosérum, filiale de Sodiaal (à Saint-Martin-Belle-Roche, près de Mâcon, en Saône-et-Loire, à Port-sur-Saône, en Haute-Saône, et à Bas-en-Basset, en Haute-Loire). Un contrat de deux ans a été signé sur la base de prix proches de ceux de Sodiaal.
Fin de l'activité emmental
Dans le cadre du projet de fusion-absorption, l'outil industriel de Leyment passerait sous le pilotage d'Eurosérum. Outre la réception de lait et de sérum, l'activité de concentration déjà en place sur le site se poursuivrait. Il est question de saturer la capacité de l'outil. Une progression d'activité de 40 % est envisageable. Par contre, l'activité fromagère, arrêtée depuis plusieurs mois, ne redémarrerait pas.
La reprise de Leyment par Sodiaal entraînerait la suppression d'un petit opérateur qui tirait les prix vers le bas. Dans la filière emmental française, outre les gros faiseurs que sont Entremont-Sodiaal et Lactalis, il ne resterait alors plus qu'un seul « petit » opérateur, la coopérative Ermitage (10 000 t). Mais elle n'a pas pour réputation de casser les prix. « La reprise de Lacopab constitue un pas en avant dans la réorganisation de la filière rhône-alpine, estime Jean-Paul Picquendar, directeur de Sodiaal Union Sud-Est. Dans ce territoire compliqué du point de vue de la collecte (deux tiers en zone montagneuse), toutes les économies d'échelle possibles doivent être réalisées. Les choses bougent très vite. Il y a deux ans, il n'aurait pas été question d'absorber Lacopab. »
ANNE BRÉHIER
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