C'est la pagaille dans les campagnes. Dans une même région, pour les livraisons de janvier, les producteurs n'auront pas le même prix de base. À la demande de la FNPL, des entreprises comme Senagral (Senoble-Agrial), Ermitage (Vosges) ou Sodiaal-Est utilisent les indicateurs de marché du Cniel sur le prix de base de janvier 2012. Sans flexibilité additionnelle ou déduction pour difficultés de marché (- 4 €/1 000 l pour Senagral, voir p. 16), on aboutit à un prix de base de 339,32 €/1 000 l en Haute-Normandie et 330,41 € dans le grand Est. Parallèlement dans cette région, Bongrain annonce un prix de base de 319,69 € et Lactalis de 310,90 €. En Haute-Normandie, le Lavallois indique 307,30 € et Danone 308,65 €/1 000 l.
Pourquoi de tels écarts ? L'interdiction de « discuter prix » en interprofession, sous peine d'être accusés d'entente, se fait véritablement sentir aujourd'hui. Jusque-là, avant Noël, en interprofession régionale producteurs et transformateurs calculaient le prix moyen régional de base de l'année achevée, pondéré des volumes mensuels. À partir de là, soit étaient appliqués des indices de saisonnalité, soit étaient réécrits les prix de base mensuels de l'année passée en mettant plus l'accent sur certains mois. Alors que depuis la fin mars, les interprofessions ne négocient plus le prix du lait, ce travail fait en décembre 2011 pour l'année 2012 a tout de même permis à l'aval d'appliquer les indicateurs de marché proposés par le Cniel sur la base 2011 « relookée ». La démarche n'a pas pu être renouvelée en décembre dernier. Cela conduit certains industriels à utiliser le prix de base de janvier 2012 stricto sensu (voir début d'article) et d'autres à s'engouffrer dans la brèche en créant leur propre grille de saisonnalité (Lactalis dans le Bassin parisien et le grand Est, Bongrain dans le grand Est, Danone en Haute- Normandie, non exhaustif), en concertation ou non avec leurs producteurs. « Notre OP est agréée depuis décembre et nous avons signé le contrat-cadre. Pourtant, Bongrain ne nous a pas consultés, déplore l'UPLV (Vosges) qui rassemble entre autres des livreurs Bongrain. Nous nous en sommes expliqués, nous allons de l'avant. »
Soutenir les trésoreries des producteurs
Face à la flambée du prix des aliments, les associations Bongrain ont demandé, le 16 janvier, au fromager de renforcer le prix de base du premier trimestre. Message entendu avec une avance de 15 €/1 000 l en janvier et février (d'où les 319 € en janvier dans le grand Est) et 5 €/1 000 l en mars. « Les sommes perçues en plus seront déduites des factures de lait de juin à novembre », précisent-elles. Sodiaal fait aussi un effort en janvier pour soulager les trésoreries avec, par exemple, en Bretagne-Pays de la Loire-Basse-Normandie une avance de 10 €/1 000 l récupérée en mars, une revalorisation de 10 € dans le Sud-Est ou 5 € en Nord-Picardie. Lactalis, lui, refuse le principe de l'avance « car il faudra la reprendre ensuite ».
Grilles de saisonnalité entreprises et non plus régionales, avances sur trésorerie, petites entailles aux indicateurs de marché (0,25 €/1 000 l la tranche de flexibilité, par exemple, pour Bongrain contre 0,27 € pour Sodiaal et Lactalis), on assiste aux premiers glissements d'une fixation du prix du lait par les entreprises.
CLAIRE HUE
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