Les bio à la croisée des chemins

Après le lait conventionnel, la contractualisation « made in bio » est sur la table. Là encore et logiquement, les regards sont braqués sur les négociations que mènent les producteurs avec Lactalis qui, avec Biolait, est leader sur ce marché (110 Ml sur un total de 450 Ml prévus en 2012). Le Lavallois a envoyé 360 contrats individuels début juillet(1), avec une date-butoir de retour au 30 septembre. « Plus des deux tiers des contrats sont signés », assurait fin octobre l'industriel. L'Ille-et-Vilaine, la Mayenne et l'Orne — le coeur de collecte — font figure de « poche de résistance ». Les associations des producteurs de lait bio Lactalis- Vitré (Ille-et-Vilaine) et Clécy (Calvados) - réseau Fnab - qui regroupent 140 éleveurs, contestent six points. En tête de la liste, la prime bio moyenne annuelle de 100 €/1 000 l. « Le maintien de ce montant minimum n'est plus acquis, estime Éric Guihery, président de Lactalis-Clécy. Il sera soumis à un ajustement en plus ou en moins si le prix moyen global enregistre un écart de plus de 5 €/1 000 l par rapport au prix moyen régional. Lactalis s'appuiera sur un échantillon d'entreprises représentatives au niveau national, mais il n'indique pas comment il le définit. De même, si la révision est décidée après concertation avec les groupements, il n'indique pas qui ils seront. Nous avons saisi le médiateur. »

270 producteurs de cinq entreprises en association

Les deux associations demandent un retour à la table des négociations en vue d'un avenant au contrat. « Nous avons apporté des améliorations à la première version. Il n'y aura pas de version 3, même si, évidemment, nous restons ouverts à la discussion », répond le groupe. Surtout, ce qui le gêne, c'est leur volonté de créer une organisation (OP) transversale dans le Nord-Ouest avec les associations de producteurs Triballat, Saint-Père (Loire-Atlantique), Montsûrs (Orne) et Danone (Seine-Maritime). 270 producteurs viennent de se fédérer au sein de l'Association des producteurs de lait biologique Seine et Loire. Une demande d'agrément en OP non commerciale sera faite avant la fin 2012. « On pourra y adhérer sans passer par une association, précise Éric Guihery. Notre objectif principal est la maîtrise des volumes. Nous sommes sur un petit marché. La moindre dérive des volumes tourne à la catastrophe. » Les producteurs Lactalis adhérents réussiront-ils à faire bouger les lignes du Mayennais qui, depuis le lancement de la contractualisation, affirme son opposition à toute OP transversale. « Nous discutons avec nos producteurs, pas avec ceux de la concurrence, confirme-t-il. De plus, un tel système risque de s'apparenter à une entente commerciale. » Pour l'amadouer, l'APLB fait un geste : « Chaque entreprise aura en face d'elle ses producteurs et si elle entame des négociations sur le prix du lait, ce sera avec le groupement, pas avec l'OP. » Malgré tout, Lactalis ne privilégiera- t-il pas les discussions avec ceux en OP verticales aux côtés des conventionnels? C'est ce que pense David Duguéperoux, qui défend une branche bio au sein de l'Association des OP Lactalis Ouest.

(1) 490 producteurs livrent Lactalis : 360 en direct et 130 via des coopératives.