« LA COOPÉRATION DOIT RECRÉER DU LIEN AVEC SA BASE »

Jérôme Chapon, 31 ans, vice-président des JA, en charge notamment des dossiers lait-coopération-Union européenne et international. Installé en Gaec à Notre-Dame-de-Cenilly (Manche). Avec ses deux associés, il produit du lait (160 vaches) livré à Lactalis et élève 150 taurillons sur 150 ha (95 ha de maïs, 15 ha de céréales et 40 ha de prairie).© J-M. V.
Jérôme Chapon, 31 ans, vice-président des JA, en charge notamment des dossiers lait-coopération-Union européenne et international. Installé en Gaec à Notre-Dame-de-Cenilly (Manche). Avec ses deux associés, il produit du lait (160 vaches) livré à Lactalis et élève 150 taurillons sur 150 ha (95 ha de maïs, 15 ha de céréales et 40 ha de prairie).© J-M. V. (©)

Inquiets du désengagement et du désintérêt grandissants de certains coopérateurs à l'égard de leur coopérative, les Jeunes Agriculteurs ont travaillé à des propositions concrètes pour tenter de contrer ce mouvement.

Les JA ont-ils des états d'âme vis-à-vis de la coopération ?

Jérôme Chapon : « Oui, au sens où l'on est plus souvent coopérateur par héritage que par volonté, dans la mesure où, depuis longtemps, on n'a plus le choix de son collecteur, même à l'installation. Oui, parce que notre base ne se retrouve pas toujours dans les stratégies de certaines entreprises. Oui, dans la mesure où le lien entre les adhérents de base et la coop apparaît souvent distendu. Cela explique en grande partie le désintérêt grandissant de certains coopérateurs pour leur coopérative. Pour autant, nous considérons les coopératives comme vitales pour notre avenir si l'on veut continuer de produire du lait sur tout le territoire. Elles sont a contrario des entreprises privées, des structures où les producteurs peuvent faire entendre leurs voix. Ne laissons pas passer cette chance.»

Comment rebondir concrètement sur ces problématiques pas nouvelles. Notamment le rôle du coopérateur ?

J.C. : « Pour lutter contre le désengagement des coopérateurs, attaquons le mal à la racine. Réamorçons le mouvement en impliquant les JA qui ont encore trente ou quarante ans de carrière devant eux. Pourquoi pas en créant une section de jeunes dans chaque coopérative ? Ce serait une bonne façon à les initier aux fondamentaux de “leur” entreprise, histoire qu'ils comprennent mieux les enjeux et s'impliquent. Ce serait aussi l'espace idéal pour écouter leurs at attentes. Pourquoi ne pas créer un conseil d'administration spécifi que pour eux, à l'instar de ce qui existe aux Pays-Bas chez Friesland- Campina ? Ils pourraient y faire phosphorer leurs idées, et faire des propositions à leurs aînés.On pourrait imaginer qu'ils aient une place réservée au comité exécutif. Une fois le mouvement réamorcé, il conviendra aussi de revoir la communication vis-à-vis de la base. Encore aujourd'hui, elle fait trop souvent défaut. D'où des incompréhensions. »

Vous avez aussi des propositions sur la gouvernance des coopératives?

J.C. : « Là aussi, il y a parfois un problème récurrent, celui du renouvellement des responsables. Pourquoi ne pas limiter le nombre de mandats des administrateurs à trois ou quatre ans, et celui d'un poste de président à dix ans. Pour autant, il ne s'agit pas de les remercier une fois ces mandats terminés, mais de trouver une porte de sortie qui leur permette de transmettre leur savoir à leurs successeurs. Nous avons une autre proposition pour améliorer la gouvernance : dissocier la problématique de l'amont (celle des producteurs) de la problématique de l'aval (celle de l'outil industriel et de la mise en marché).Il ne s'agit surtout pas là de créer une OP de producteurs dans chaque coop. Nous suggérons d'avoir, au sein du conseil, une partie des administrateurs dédiés à 100 % à la gestion des problèmes de l'amont, comme la mobilité des volumes. Et l'autre partie, des administrateurs focalisés sur les enjeux de l'aval en liaison directe avec la direction, comme la performance de l'outil industriel.»

Comme les coopératives du nord de l'Europe?

J.C. : « Non. Elles fonctionnent avec un directoire stratégique à côté d'un conseil d'administration de producteurs. Cela n'est pas adapté à un contexte où il faut gérer des enjeux territoriaux. Ces deux “forces” doivent coexister dans le même conseil qui, au final, prend les décisions stratégiques à valider en assemblée générale. À ce propos, les coopératives ont raté le coche de la contractualisation pour renouer le dialogue avec leurs producteurs. Plutôt que faire réécrire des règlements intérieurs par des conseils d'administration pour entériner le double volume-double prix, il aurait mieux fallu modifier les statuts, et donc les faire approuver par la base en assemblée générale. Le message aurait été fort. »

PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-MICHEL VOCORET

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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