C'est la manie bien française de tout nouveau ministre de l'Agriculture. Le 6 juin, à peine arrivé, Stéphane Le Foll demandait, au conseil général de son ministère de lui présenter un rapport avant le 13 juillet faisant un bilan de la mise en oeuvre de la contractualisation décidée par des textes très récents. Cette précipitation, qui a entraîné une consultation tronquée, ne pouvait produire qu'un rapport certes utile mais très incomplet, assorti de recommandations imprécises, essayant de « ne fâcher personne », qui sera de peu d'utilité au ministre. L'annexe n° 7 du rapport reconnaît que sur 36 entreprises privées, les négociations sont toujours en cours pour 22 d'entre elles, et sont finalisées dans moins de 10.Les OP ne pourront formaliser les négociations avec les producteurs qu'à partir d'octobre 2012.Donc, ce rapport était prématuré.
Dans l'urgence, les rapporteurs n'ont concentré leurs entretiens qu'avec les organisations, administrations et institutions officielles «directement concernées ». Dans un deuxième rapport, le ministre devra exiger l'audition d'une trentaine d'entreprises représentatives, collectant 80 % du lait et, pour recueillir directement l'opinion des producteurs, réaliser un large sondage et de nombreux entretiens dans les départements. Il sera tout aussi nécessaire de solliciter les centres de gestion pour connaître les réelles situations financières et technico-économiques des éleveurs depuis dix ans. Stéphane Le Foll sera tôt ou tard conduit à imposer une nouvelle « architecture » pour éviter les inéluctables confusions de pouvoir, surenchères syndicales dans les négociations contractuelles. Il devra choisir entre des négociations avec prééminence d'OP d'entreprise ou celle des AOP de bassin (interprofessionnelle).
Le « statu quo » paralysant des coops hors des contrats
Avant 2015, il paraîtra impératif de choisir entre, d'une part, le paralysant statu quo qui maintient les coopératives hors des décrets contrats obligatoires et des OP, d'autre part, de proposer l'intégration des coopératives (gardant leur spécificité) dans un nouveau schéma de la contractualisation de l'ensemble du secteur laitier national (dans le respect des règlements de l'UE).C'est l'une des conditions pour rendre possible une pragmatique régulation globale des volumes de lait et des négociations de prix dépassionnées.
Ainsi le nouveau ministre, s'appuyant sur un deuxième rapport, mettra le « lait France » sur le chemin d'une indispensable plus grande compétitivité.
HERVÉ DEBÉARN
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