Verdun était le dernier round d'Henri Brichart à la tête de la FNPL. Ce ne fut pas le plus agité de ses dix ans de mandat. Si 2009 et ses scissions mal cicatrisées restent dans les mémoires, la conjoncture 2011 a été favorable aux producteurs de lait. Et ce n'est pas la vingtaine de sympathisants Apli, tambourinant de façon assez pitoyable devant la porte, qui a réussi à troubler l'autosatisfaction qui régnait dans la salle. Le ministre lui-même n'a-t-il pas qualifié la FNPL de « camp du courage et de la responsabilité », face à celui de la « démagogie ».
À Verdun, le débat à huis clos de la FNPL avait pour thèmes la coopération, le double prix et la structuration de la filière. Ces derniers temps, la coopération laitière et le syndicalisme majoritaire semblent avoir pris un peu de distance. L'an passé, Xavier Beulin avait allumé la mèche en s'interrogeant sur la capacité des administrateurs à défendre l'intérêt des producteurs. Henri Brichart a repris ce propos : « Dans un certain nombre de cas, la compréhension entre la coopérative et ses adhérents est insuffisante. Plus grave, le producteur devient parfois la simple variable d'ajustement. » Et d'ajouter : « Les coopératives ne peuvent pas s'exonérer d'une réflexion globale au niveau de l'interprofession, des bassins ou des OP territoriales. » Le principe des prix différenciés, mis en place par certaines coopératives, a aussi été épinglé. « Quand il oublie une donnée fondamentale qui est de sécuriser le prix du volume A, il faut réfléchir à une contractualisation des volumes B qui laisse le choix à l'éleveur de le produire ou pas. » Les JA en ont remis une couche en doutant de l'étanchéité entre les volumes A et B.
À l'inverse, satisfecit sans réserve pour l'avancée de la contractualisation, cheval de bataille de la FNPL pour structurer la filière dans la perspective de l'après-quotas. « Un formidable élan s'est exprimé en 2011 dans la construction de l'organisation des producteurs pour la négociation des contrats », s'est enthousiasmé Henri Brichart. Difficile pour autant de se projeter au-delà de 2015, dans un monde sans quotas. Qui alors aura le pouvoir sur les volumes ? Les entreprises face à leur marché ? Cela ne fait aucun doute. Mais ensuite ? Comment se répartiront ces volumes et avec quelle transparence ? À l'intérieur de l'OP ? Dans une AOP ? Au niveau du bassin ? Et quid des coops qui ne s'engagent pas sur les volumes ? Et quel rôle pour l'interprofession ?
« Mépris des éleveurs »
Pour l'heure, il y a plus urgent : l'affaire Lactalis et son « mépris des éleveurs ». C'était le sujet facile de toutes les conversations. « On ne négocie pas avec des ultimatums dans une démocratie », a insisté Bruno Le Maire. Pour sa très probable dernière intervention devant des producteurs de lait, le ministre n'a pas caché que la régulation des volumes au niveau européen, si chère aux Français, serait difficile à atteindre, même sous la forme d'un simple observatoire de la production. « Le combat sur la régulation des marchés est un combat politique intense, extrêmement difficile à mener avec les tenants du libéralisme. » Avis à son successeur.
DOMINIQUE GRÉMY
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