En Rhénanie-Palatinat, région allemande frontalière de la France, de la Belgique et du Luxembourg, le fossé se creuse entre les exploitations les plus performantes (106 VL, 873 000 l de quota) et les moins efficientes (68 VL, 535 000 l de quota). Ce constat, que l'on retrouve en France, est le principal enseignement de l'étude réalisée depuis 2003- 2004 par les centres de conseils en élevage laitier de la région de Trêves. Dans cette zone de moyenne montagne, les données économiques d'un échantillon de 120 exploitations sont analysées chaque année. En 2009-2010, alors que les 25 % des exploitations du quart supérieur pouvaient se contenter d'un prix de 25 c/kg de lait (lait à 37/34) pour couvrir leurs coûts de production totaux(1), il en fallait 34 pour les 25 % du quart inférieur.
La crise de 2009 a accentué les écarts
Alors que les élevages n'ont cessé de s'agrandir aussi bien en lait qu'en surface depuis sept ans, la crise de 2009 a accentué les écarts. Cette année là, les exploitations du peloton de tête s'en sont beaucoup mieux sorties que celles du bas du tableau. Avec un niveau de production par vache et par an de + 430 kg de lait, des livraisons par exploitation de + 338 500 kg de lait, et un coût de production global de 34,6 c/ kg de lait (à 4 % de TB et 3,4 % de TP), elles ont réalisé un résultat net de 59 735 €. Handicapés par des coûts de production plus élevés (45,4 c/kg de lait) et un volume moindre, les élevages du quart inférieur n'ont pas pu compenser la chute du prix du lait (29,7 c/ kg, MG, TP, TVA et ristournes compris). Elles ont enregistré un résultat négatif de 4 188 €. L'amélioration de la conjoncture suffira-t-elle à assurer durablement un avenir à ces exploitations considérées désormais comme « modestes » outre-Rhin ? Les plus grosses exploitations sont confrontées, elles, à la maîtrise de la charge du travail.
ANNE BRÉHIER
(1) Charges opérationnelles et de structure, y compris les amortissements, la rémunération du capital et le travail de l'exploitant (base de 15 €/h).
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