Régulièrement, Bruno Le Maire insiste, sans doute trop, pour affirmer que grâce à la France, donc à lui, le budget agricole de l'UE de 2014 à 2020 est « sanctuarisé ». Traduisez : maintenu à son niveau actuel. Pourtant, rien n'est moins sûr. Avant la fin 2012, nous connaîtrons les perspectives budgétaires qui seront en (légère) diminution, conséquence de la crise, du désendettement et de la réduction budgétaire dans plusieurs États membres. Dans ce budget, les dépenses pour les agriculteurs ne seront pas épargnées. S'y ajouteront les réallocations en faveur des nouveaux États membres et une nouvelle forte conditionnalité écologique. Donc des diminutions d'aides pour la France et ses agriculteurs. Mais ces mauvaises nouvelles ne seront connues qu'après la présidentielle et les élections des députés. Ce ne sera plus la faute de Bruno Le Maire qui, pourtant, connaît parfaitement ces douloureuses perspectives budgétaires.
De plus, on assiste aujourd'hui à une levée de boucliers contre les propositions de la Commission de subordonner 30 % des aides directes à des mesures écologiques au-delà de conditionnalité actuelle déjà mal acceptées par les agriculteurs avec l'aval du président Sarkozy. Les gouvernements et les députés européens ne sont pas d'accord sur ces propositions. Les uns estiment que c'est trop, « la mort de l'agriculture », les autres pas assez, « que des mesurettes qui ne changeront rien ». On a deux ans pour se mettre d'accord. Le commissaire Ciolos, bien à la peine, sait que s'il cède sur le verdissement, le budget agricole sera « taillé en pièces », confirme un député influent. Il en est de même pour les instruments d'intervention pour faire face à des crises sur les marchés et le renforcement du pouvoir des agriculteurs dans les filières alimentaires. Accord unanime sur les objectifs, désaccord complet sur les instruments à mettre en oeuvre. Le commissaire Dacian Ciolos change son discours selon ses interlocuteurs et les pays qu'il visite.
Le retour nostalgique aux quotas, mais pas pour le lait
La confusion est à son comble quand treize États s'opposent à l'abolition des quotas de sucres, pourtant décidée pour 2015, ou d'autres refusent la libération des droits de plantation de vignes décidée pour 2016. Dacian Ciolos ne sait plus quoi penser. Mais pour le lait, pas de débat sur la régulation de la production. Le paquet lait sera bientôt publié sans rien changer à la fin des quotas. Deux raisons à cela sur lesquelles les avis semblent unanimes à Bruxelles. Jusqu'en 2015, la collecte sera inférieure à la limite fixée par les quotas. Le marché des produits laitiers s'équilibre comme s'ils n'existaient déjà plus, ce qui n'empêche pas la majorité des producteurs d'avoir, jusqu'à présent, un prix du lait soutenu. De plus, à l'horizon 2020, toutes les perspectives apparaissent favorables en termes de volume prix-échanges extérieurs pour l'Union européenne.
H. DEBÉARN
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