UNE OP TRANSVERSALE VA SE CRÉER DANS LE BASSIN CENTRE

Xavier Courboin - Éleveur laitier à Chazelet, dans le sud de l'Indre, Xavier Courboin est président de la FRPL Centre. À ce titre, il représente les producteurs dans le collège de l'interprofession régionale (Criel). Il a été l'un des acteurs de ce projet d'OP transversale au niveau du bassin Centre qui, sur sept départements, regroupe aujourd'hui environ 1500 producteurs pour 550 millions de litres de lait.
Xavier Courboin - Éleveur laitier à Chazelet, dans le sud de l'Indre, Xavier Courboin est président de la FRPL Centre. À ce titre, il représente les producteurs dans le collège de l'interprofession régionale (Criel). Il a été l'un des acteurs de ce projet d'OP transversale au niveau du bassin Centre qui, sur sept départements, regroupe aujourd'hui environ 1500 producteurs pour 550 millions de litres de lait. (©)

Le 24 février prochain, à Orléans, cinq producteurs livrant dans trois laiteries privées du bassin Centre, déposeront les statuts d'une organisation de producteurs (OP) transversale.

Pourquoi une OP transversale quand partout ailleurs les éleveurs s'organisent d'abord en OP par laiterie ?

Xavier Courboin : Nous avons l'exemple en Suisse de ce que peuvent devenir des OP verticales par laiterie. Cela se termine par des groupes de pression qui sont en concurrence permanente sur les volumes de lait à produire, sans se préoccuper de l'intérêt général, surtout en situation d'excédents de lait. Créer des OP par laiterie, c'est aussi donner beaucoup de pouvoir aux organisations existantes dans les laiteries qui, jusque-là, ne portaient que les ambitions des transformateurs et assez peu celles des producteurs. Bien sûr, nous aurions pu suivre le modèle qui est d'organiser d'abord les producteurs par laiterie et de fédérer ensuite ces OP verticales au niveau du bassin. Mais dans la région, nous avons des zones peu laitières. Qu'arrivera-t-il à un producteur lâché par son transformateur ? De fait, il n'appartiendra plus à l'OP. Alors qui portera sa voix au niveau du bassin ? Même chose pour un éleveur qui souhaite se convertir en bio. Son contrat avec la laiterie sera rompu. À quelle OP s'adressera-t-il pour valoriser son lait ? L'OP transversale est bien la seule qui assure une certaine parité entre producteurs et transformateurs. L'enjeu majeur de notre région est que tous les producteurs qui souhaitent faire du lait soient collectés où qu'ils se trouvent.

Comment allez-vous organiser cette OP de bassin ?

X. C. : Nous avons trois transformateurs privés installés dans le bassin Centre avec lesquels nous avons engagé un dialogue constructif : Triballat-Rians, Saint-Denis-del'Hôtel et Senoble. À la périphérie du bassin, d'autres producteurs sont collectés par Lactalis, Bel, Chavegrand et Tessier. Nous allons démarrer avec les trois premiers. Cinq éleveurs, non marqués syndicalement (ce qui m'exclut), déposeront les statuts de l'OP. Dès que nous aurons plus de cinquante membres issus de ces trois laiteries, nous convoquerons une assemblée générale constituante. Dans cette OP transversale, les producteurs d'une même laiterie seront regroupés en sections pour tout ce qui est spécifique à leur transformateur, notamment dans les apports de lait (qualité, etc.). Le contrat de base sera d'abord signé entre le producteur et sa laiterie, mais nous avons convenu que lorsque 50 % des livreurs seront membres de l'OP, c'est elle qui reprendra la main, notamment sur la gestion des volumes. Enfin, nous voulons que l'OP s'exprime au niveau interprofessionnel. C'est pourquoi nous lui ouvrirons les portes du collège éleveurs au Criel Centre. Cet ancrage à l'interprofession nous différencie d'autres projets d'OP transversales.

Quid des coopératives et des privés qui ne seront pas dans l'OP ?

X. C. : C'est un pari que nous prenons. Nous allons expliquer à tout le monde ce que nous voulons faire, ensuite la porte sera grand ouverte. Aux producteurs de Bel, Lactalis, Chavegrand et Tessier de bien réfléchir car, après les quotas, le risque d'être marginalisé n'est pas nul par rapport aux autres livreurs extérieurs au bassin et plus proches des usines. Dans le bassin Centre, 60 % des producteurs sont collectés par des coopératives. Ce sera un handicap de représentativité des producteurs pour une OP transversale à partir du moment où les coopératives estiment qu'elles sont déjà une OP. Ce n'est pas mon point de vue. Le conseil d'administration gère au mieux l'outil industriel, mais il ne gère pas nécessairement l'intérêt des producteurs. Nous ne sommes pas en Europe du Nord et nos coopératives naviguent dans un univers concurrentiel qui impose des décisions où l'éleveur n'a pas toujours sa place. Que je sache, à l'interprofession, les présidents de coopératives ne siègent pas dans le collège des producteurs, et leurs décisions penchent plus souvent du côté des transformateurs que vers les producteurs.

PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE GRÉMY

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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