Derrière le pataquès, une vraie question de fond

Communication un peu trop rapide d'un administrateur ou erreur d'interprétation du journaliste qui l'interviewait ? Il y a sans doute des deux dans les raisons du pataquès récent entre Sodiaal et les syndicats. En cause, l'éventualité d'un prix C et d'un décrochement de 20 €/1 000 litres du groupe coopératif sur le volume B. François Iches, président de Sodiaal, est vite monté au créneau dans une interview à La France Agricole pour couper court à la rumeur. « Non, ce n'est pas à l'ordre du jour. Il n'y a pas de prix C, D, W comme certains l'imaginent. ». Pour autant, il y a bien sûr le fond, la volonté de la coopération de revoir le calcul de la valorisation beurre-poudre servant de base au prix B. Et effectivement si, au cours de l'année 2012, les discussions n'avancent pas, alors Sodiaal pourrait appliquer un prix C à son lait B en 2013-2014. Ce faux pas a eu pour le moins un mérite, celui de relancer un débat interprofessionnel voulu par la FNCL, mais toujours au point mort.

Pour les coops qui veulent faire de la poudre écrémée non plus une production d'excédent, mais un débouché à part entière, l'objectif est clair. Le calcul du prix B doit être revisité pour disposer d'un système stable et durable.

Plus de 15 €/1 000 l d'écart

Citant une étude du Cniel, François Iches a lâché qu'il y aurait aujourd'hui un manque à gagner de plus de 15 €/1 000 l sur tout le lait transformé en beurre-poudre. Difficile de savoir au Cniel à quoi correspond ce chiffre qui devait rester off. Pour le moins, il n'est pas étonnant. Le parc de tours de séchage est obsolète, saturé et peu performant. Résultat : il coûte cher en énergie et génère plus de lait Spot que voulu quand le lait abonde. Ces surcoûts diminueront avec les tours à construire pour jouer sur ce marché. Reste à savoir si le prix B doit intégrer un amortissement, aujourd'hui au plancher, qui va « exploser »… sans doute à la hauteur de ces 15 €/1000 l.