Paris peut se féliciter du compromis du mini-paquet lait sur la gestion des volumes pour les fromages sous le signe de qualité (AOP et IGP). Il y a longtemps que nos AOC militaient à Bruxelles pour arracher cette dérogation au sacro-saint droit de la concurrence. Pour autant, cette avancée majeure, qui reste à graver dans les textes, est toute en subtilité. Les ODG (interprofessions des produits concernés) ne pourront exercer cette prérogative qu'après l'aval de Bruxelles et pour trois ans renouvelables. Cette gestion de l'offre est surtout très encadrée. Elle ne doit évidemment « pas permettre de fixer les prix », mais surtout « ne pas créer de discrimination, constituer une barrière à l'entrée de nouveaux producteurs ». L'AOC comté pèse pleinement ce que ces mots signifient. C'est cette subtilité qui lui permet chaque année, depuis 1995, de voir son plan de campagne validé par le ministère de l'Agriculture et celui des Finances, garant du droit de la concurrence.
Pas de plan de campagne sans consensus
En clair, le comté peut limiter ses droits à produire (plaques vertes) distribués aux fromageries pour coller à la croissance du marché et éviter que l'offre ne dépasse la demande. Mais il doit accorder des droits supplémentaires et donc des litrages de lait pour les nouveaux entrants dans la filière, les JA, les entreprises qui veulent accroître leur fabrication… Et si d'aventure, l'équilibre du marché est même menacé, alors ce sont ensuite tous les fabricants et donc tous les producteurs de lait qui « se sacrifient » pour la collectivité élargie. C'est concrètement ce qui s'est passé cette année. En septembre, au vu du niveau des stocks en juillet, l'interprofession a décidé de réduire les droits à produire de 3 % pour la campagne en cours.
Comme le comté continuera de le faire sans craindre désormais les foudres du droit de la concurrence, les autres AOC pourront donc accompagner la croissance de leur marché. Reste pour elles à imaginer leur propre plan de campagne et à trouver les consensus nécessaires. « Un plan de campagne ne peut pas fonctionner à long terme sans », insiste Jean-Jacques Bret, directeur de l'interprofession du comté. Un soin important doit donc être accordé dans sa préparation pour mettre le maximum d'opérateurs autour de la table et chercher un compromis entre une multiplicité d'intérêts contradictoires. Il ne faut pas non plus se méprendre sur la finalité de cet outil. « Il ne s'agit que d'un dispositif de prévention des crises. Pas d'un outil mettant les opérateurs à l'abri de la pression du marché. Un plan de campagne relativise l'insécurité pour les entreprises, mais ne la supprime pas. »
Au-delà, un plan de campagne est aussi à ses yeux « un outil qui doit, en parallèle, assurer de la souplesse aux différents acteurs, permettre aux entreprises de s'exprimer pour donner de l'oxygène au marché ». C'est ce qui a poussé le comté à prévoir pour 2012-2013 des droits à produire supplémentaires, aux entreprises ayant des débouchés à l'export… une première, signe de maturité des relations interprofessionnelles. Reste à savoir si toutes les filières AOC pourront se jouer de ses subtilités pour pleinement bénéficier de l'ouverture du mini-paquet lait.
JEAN-MICHEL VOCORET
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
FCO : le Grand Ouest en première ligne
Le vêlage 2 ans n’impacte pas la productivité de carrière des vaches laitières
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Quelles implications environnementales de la proposition de l’UE pour la Pac ?
L’agriculture biologique, marginalisée d’ici 2040 ?
Pourquoi la proposition de budget de l’UE inquiète le monde agricole
Matériel, charges, prix... Dix agriculteurs parlent machinisme sans tabou