Des impacts contrastés sur les fourrages

© SÉBASTIEN CHAMPION
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Il y aura toujours de l'herbe en Normandie, mais les Bretons devront revoir leur chargement. Les rendements lorrains augmenteront.

Les modèles de prévisions climatiques s'affinent et les évolutions probables provoquées par le réchauffement climatique sont de mieux en mieux évaluées. Les observations du passé récent permettent de confirmer les tendances. À Rennes, par exemple, si les précipitations ont peu évolué en moyenne entre 1960 et 2007, la température a gagné 1,5°C et l'ETP a aussi fortement augmenté (120 mm). « Actuellement, nous nous situons dans le scénario du pire, le réchauffement avançant plus vite que prévu », précise Jean-Christophe Moreau, à l'Institut de l'élevage.

La prévision reste néanmoins délicate en France, compte tenu de sa situation intermédiaire entre l'Océan et la Méditerranée. Globalement, on s'attend à une augmentation de la température moyenne principalement en été. Elle sera plus modérée en bordure de la Manche. Les variations interannuelles seront probablement importantes. Dans un futur proche (2020- 2049), la date de mise à l'herbe au printemps pourrait être avancée de dix jours en Bretagne et de quinze à vingt jours plus au sud. Cette date reculerait d'autant à l'automne, mais les Bretons perdraient néanmoins un cycle de pâturage du fait de la chaleur estivale. Dans les régions atlantiques, avec des pluies plus abondantes au printemps, l'herbe sera souvent difficile à exploiter. Quant au Sud-Est, il verrait ses rendements en herbe progresser de 20 à 25 % dans un futur proche, grâce à des précipitations plus marquées au printemps et en été.

Des besoins en stocks plus élevés en été qu'en hiver

À plus long terme (2070-2079), la Normandie conservera des rendements accrus pour ses prairies, de même que la Lorraine. Cette productivité stagnera en Bretagne et reculera presque partout ailleurs. De plus, on s'interroge sur la capacité des prairies à redémarrer après un été très chaud.

Ces évolutions climatiques seront plutôt bénéfiques pour le maïs non irrigué, qui devrait voir ses rendements augmenter partout dans un premier temps. Ce sera moins vrai à plus long terme dans le Nord-Ouest tandis que le Nord-Est conservera de bons rendements. Le maïs sec deviendra risqué au sud de la Loire. Quant à la luzerne, elle s'en sortirait plutôt bien, y compris dans les sols à faible réserve utile. Le blé quant à lui voit d'ores et déjà son rendement stagner depuis quinze ans, en partie du fait du changement climatique. Ces simulations s'entendent à conduites de cultures identiques. Mais il est clair que les variétés comme les itinéraires vont évoluer.

Les systèmes fourragers devront s'adapter. « À long terme, les troupeaux consommeront davantage de stocks en été qu'en hiver », prévient Jean-Christophe Moreau. Il faudra trouver des espèces fourragères résistantes aux températures fortes en été. Et les éleveurs vont apprendre à conduire le pâturage hivernal. Mais à terme, les chargements devraient baisser partout, sauf en Lorraine.

PASCALE LE CANN

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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