Augmenter la productivité du travail est une piste incontournable pour améliorer le revenu des exploitations laitières et combler l'écart de compétitivité qui nous sépare de nos voisins d'Europe du Nord. Cette réalité, pas nouvelle, se dessine dans les résultats de l'exercice 2010, collectés par le BTPL (Bureau technique de promotion laitière) auprès de 324 exploitations situées en zone de plaine. « En effet, il y a une légère tendance à une réduction du prix d'équilibre, au fur et à mesure que le lait produit par unité de main-d'oeuvre (UMO) augmente », constate Michel Deraedt, ingénieur-conseil du bureau d'étude. Cette notion de prix d'équilibre correspond au prix du lait nécessaire pour couvrir l'ensemble des coûts de fonctionnement d'une exploitation (charges opérationnelles + charges de structure, annuités comprises + une rémunération fixée à 18 000 €/UMO/an).
Des écarts considérables
En 2010, le prix d'équilibre moyen des exploitations du réseau BTPL est de 285,20 €/1 000 l. Les 317,40 €/1 000 l versés aux producteurs ont donc permis de couvrir les charges de fonctionnement. La réduction du prix d'équilibre par rapport à 2009 (309,60 €/1 000 l) s'explique clairement par une augmentation de la production, et de la productivité du travail en particulier. La quantité de lait produit par UMO est passée de 306 202 à 319 993 l. Les charges de structure ont ainsi pu être diluées dans un plus grand volume de lait produit et comme, dans le même temps, le prix des intrants a diminué de 11 €/1 000 l, on assiste à un rebond du revenu agricole en 2010.
Pour autant, attention d'en rester là dans l'analyse et de ne pas faire la même erreur que les Danois. « Ces résultats masquent d'importantes disparités, rappelle Michel Deraedt. Entre le prix d'équilibre du cinquième supérieur et celui du cinquième inférieur, l'écart est de 148 €/1 000 l ». Les charges de mécanisation expliquent à elles seules plus de 30 % de l'écart constaté entre les éleveurs enquêtés, soit autant que les charges opérationnelles. Les coûts de main-d'oeuvre représentent 15 % de cet écart.
La productivité de la main-d'oeuvre, ou litrage produit par UMO, n'est donc pas une garantie d'efficacité, ceci pour deux raisons : des investissements excessifs et/ou un défaut de maîtrise technique (leucocyte, reproduction…). « Le potentiel d'amélioration du prix d'équilibre de l'atelier lait passe plus souvent par une amélioration de l'existant, c'est-à-dire une meilleure maîtrise des charges et des produits, que par l'agrandissement », souligne Michel Deraedt. Autrement dit, les élevages dont les charges de structure composent une part importante du coût de production ont souvent intérêt à produire davantage, mais c'est la capacité de chacun à produire plus et mieux sans investissements qui est déterminante dans un contexte de prix bas.
JÉRÔME PEZON
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