Les champions de la productivité du travail peinent à relever la tête

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Nombre de producteurs danois sont portés à bout de bras par les banques, les vraies propriétaires de leurs fermes.

La restructuration à marche forcée tourne au cauchemar pour les Danois. Du moins pour la majorité qui, sans se poser de questions, a suivi le mot d'ordre de toute une filière. « Pour subsister dans l'après quotas, grossissez le plus vite possible et faites des économies d'échelle. Troquez vos 40 rouges danoises pour 100 holsteins et plus. Abandonnez le pâturage pour la ration complète… », leur ont martelé syndicats, organismes de développement et administration rangés derrière Arla Foods. Encouragés par un système de prêts hypothécaires pernicieux (prêts bancaires rechargeables accordés en fonction de la valeur du capital, pas de la rentabilité de l'exploitation), lui-même dopé par l'augmentation du prix du foncier, les Danois ont engagé début 2000 une course effrénée à la productivité du travail avec, à la clé, une montagne d'emprunts pour acheter foncier, quotas, bâtiments, remorques mélangeuses, robots ou rotos de traite.

Les plus gros élevages à la merci des banques

Jusqu'en 2007, les Danois ont cru être sur la bonne voie. Le réveil est brutal avec la crise financière de 2008, la crise laitière et la chute du prix du foncier en 2009. Les pertes sont énormes : - 126 000 € de moyenne en 2009, - 500 000 € pour les plus de 320 laitières. Pour relancer la machine, les banques n'ont pas d'autre choix que de renflouer les trésoreries. Résultat : fin 2010, malgré un prix du lait remonté à 321 €/1 000 kg, une perte moyenne de 17 200 € et des gros troupeaux toujours au fond du trou (voir infographie).

Certes, il y a eu quelques cas de faillites et de ventes forcées, mais marginaux. Et pour cause, avec un prix du foncier toujours bas par rapport au pic de 2008 (32 000 €), les banques propriétaires de nombreuses fermes(1), y perdraient trop. La moitié des élevages de plus de 320 VL sont, à ce jour, insolvables (plus de dettes que d'actifs).

Et la sortie du tunnel risque d'être laborieuse. Certes, la situation s'est un peu redressée en 2011 avec du lait à 352 €/1 000 kg. Mais le résultat est sans commune mesure avec le trou creusé depuis deux ans. Les simulations tablent en 2011 sur un revenu moyen de 60 000 € pour les 80 à 160 VL et 240 à 320 VL. Pour 2012 et 2013, où les experts misent sur un prix du lait moindre (340 et 333 €) et une hausse des taux d'intérêts, le revenu rebaisserait : de 45 000 à 41 000 € pour les 80 à 160 VL, à peine 13 000 € à - 4 000 € pour les 240 à 320 VL.

J.-M. VOCORET

(1) 18 % de capital propre chez les 160 à 240 VL, 14 % chez les 240 à 320 VL, 8 % au-delà de 320 VL.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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Herbe

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