Les chiffres du projet sur la table laisseraient de marbre en Allemagne du Nord. Et pour cause, les bâtiments de plus de 500 VL y sont déjà une réalité.
Après le premier robot de traite, la Somme sera peut-être le département de la première « usine à lait », un troupeau de 1 000 vaches laitières et sa suite avec quinze emplois à la clé. Les chiffres du projet sur la table, qui donnent le tournis vu de France, laisseraient de marbre l'Allemagne du Nord. Et pour cause, il s'inspire largement de ce qui y est déjà, pour partie, une réalité. Une stabulation à logettes de 240 m x 37 m pour 850 vaches laitières, une autre pour 150 taries, un roto 60 places, six silos sur 68 m x 12 m x 5 m de haut… ajoutez-y les bâtiments pour les génisses. Montant de 0 m3 chacune. Elles sont prévues dans l'autre investisse l'investissement : 5 M€, non compris le million des sept fosses à lisier de 4 50ment de 7 M€ qui va avec ces « 1 000 vaches » : un méthaniseur de 1,5 mégawatt, le tout sur 8 ha au nord d'Abbeville.
L'initiative de ce projet hors normes revient à la SCEA Côte de la Justice, ferme de polyculture- élevage avec 550 000 l de quota, et à son actionnaire unique Michel Ramery, 62 ans.
Le PDG de Ramery SA, groupe de BTP employant 3 500 salariés, investit depuis de nombreuses années dans la terre que, jeune, il rêvait de cultiver… comme ses parents. Il est aujourd'hui actionnaire de sept des huit autres fermes qui gravitent autour de ce projet. Trois sont impliquées avec la Scea Côte de la Justice dans une société civile laitière avec, sur le site d'Airaines, un troupeau de 200 VL pour un quota de 1,68 Ml. Les cinq autres sont des fermes 100 % grandes cultures. Le tout sur 1 050 ha.
C'est le questionnement sur l'avenir du lait qui a conduit au projet actuel. Du fait du regroupement de quatre troupeaux, le site d'Airaines passe en quelques années de 60 à 150 vaches, dans des bâtiments agrandis mais devenus inadaptés, à l'instar de la salle de traite, une 2 x 8. D'où la question d'investir pour rendre le lait socialement vivable pour les salariés, base de la main d'oeuvre, mais surtout économiquement tenable face aux grandes cultures.
Les rencontres à l'occasion des visites de grands troupeaux en Allemagne du Nord modifient le projet initial de 300 vaches laitières. « Les experts allemands, qui ont du recul en matière de grands troupeaux, nous ont convaincus de la nécessité, avec des salariés, de dépasser les 500 VL pour que l'affaire tourne. En deçà, difficile en effet de dégager assez de revenu pour se payer un chef d'équipe qui les encadre et les motive. À plus de 500 VL, il est possible de se passer de salariés polyvalents et de les spécialiser. On est aussi moins fragile si un salarié fait défaut », explique celui qui, depuis trois ans, cogite sur le projet.
Un projet hors normes cohérent dans la Somme
Mais pourquoi 1 000 vaches laitières ? « Parce que notre point d'équilibre économique, en construisant tout de zéro, est à 800 VL et que l'on se donne 20 % de marge de sécurité. » Pour tenter de faire accepter ce projet hors normes, ses promoteurs misent sur le contexte particulier de la Somme, si tant est que la volonté y soit de maintenir un minimum de production laitière. Sur les 1 200 producteurs actuels pour 420 Ml, 600 ne sont pas engagés dans le PMPOA. La rumeur dit que 150 n'auraient pas les moyens de se mettre aux normes. Quant aux autres, la tentation sera grande de lâcher le lait pour les grandes cultures… comme certains, pourtant aux normes, l'envisagent déjà ouvertement.
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