
Entre 2005 et 2010, la rémunération des producteurs français a été handicapée par une productivité du travail plus faible.
À la demande de l'interprofession (Cniel), l'Institut de l'élevage (Idele) a mis en perspective les modèles laitiers d'Europe du Nord et celui de la France. Qui a gagné le plus, en moyenne sur cinq ans, en exerçant le métier d'éleveur ? Réponse ci-dessous. De 2005 à 2010, les producteurs européens ont connu le meilleur (en 2007) et le pire (en 2009). Face à cette volatilité, le modèle danois apparaît le plus fragile. Certes, la productivité du travail est exceptionnelle mais le Danois, hyperendetté, avec des coûts de production élevés, ne rémunère son travail qu'au-delà de 317 €/t. Le modèle ne fonctionne qu'avec des prix du lait élevés et des taux d'intérêts bas (2007). 2008 et 2009 ont donc été terribles et l'embellie de 2011 ne permettrait pas une remise à flot durable. Ce sont les banques et la solidarité apdanoise qui tiennent à bout de bras ce modèle qui avait fait le pari de la restructuration à marche forcée et d'une productivité du travail poussée grâce à une substitution capital-travail finalement très coûteuse.
Le modèle low cost de l'Irlande dans le coup
À l'autre extrémité, l'Irlande affiche un coût de production insolent, liée à son modèle low cost. La contrepartie à cette production très saisonnière, calée sur l'herbe, est un prix du lait faible, soumis à la volatilité des marchés à l'export. Mais la performance est là : 141 €/t de résultat courant et une bonne productivité du travail. Pas étonnant que le métier retrouve une forte attractivité avec l'ambition de produire plus (+50 % en 2020). Les meilleurs sont sans conteste les Néerlandais avec une rentabilité inégalée : 31 100 €/UTA. Conséquence : le taux de restructuration est tombé à 2 % par an. Les Pays- Bas, c'est d'abord un prix du lait payé plus élevé que la moyenne (TB et TP hauts, 10 % de lait bio). Leur résultat courant à 83 €/t s'explique par l'hyperspécialisation des ateliers qui ont peu de coproduits ou d'aides par tonne (qui viennent en déduction du prix de revient). Si le coût de production est proche des exploitations de l'ouest de la France, la productivité du travail (349 000 l/UTA) aboutit à une meilleure rémunération.
La comparaison France/Allemagne sur 2005-2010 montre un prix du lait identique. Mais les politiques très différentes ont, pour l'instant, joué en faveur des Allemands. La réactivité du prix du lait leur a permis de mieux profiter de la conjoncture 2007. En 2009, leur gestion des volumes a permis de diluer les charges fixes. La production laitière ramenée à l'UTA familiale a donc progressé davantage en Allemagne (26 %) : « La structure fédérale y permet une différenciation territoriale des politiques laitières qui favorisent la croissance des grandes exploitations au nord et autorisent le maintien de petites exploitations au sud », avance Christophe Perrot (Idele). La faiblesse de la productivité du travail pèse sur la rémunération des éleveurs spécialisés français mais la France a aussi ses atouts : un prix du foncier maîtrisé et des coûts alimentaires plus faibles. « Reste à assumer et accompagner la différenciation territoriale de politiques laitières qui permettent d'assurer un avenir aux différents modèles français, des zones de polyculture-élevage aux différentes zones de montagne en passant par les bassins laitiers de plaine les plus denses. »
DOMINIQUE GRÉMY
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