Pourquoi ne pas se rallier à la négociation que mènent les groupements sous l'égide de la FNPL ?
Denis Tandé : Nous ne sommes pas favorables à la signature d'un contrat tripartite entre Lactalis, le producteur et le représentant du groupement de producteurs, comme ils le demandent. Un contrat, c'est un engagement entre l'industriel et le producteur, pas plus. En outre, la signature tripartite donne plus de responsabilités aux présidents de groupements. En cas de problèmes, ils seront en première ligne, surtout après les quotas. Nous, présidents, serons-nous à la hauteur ? Par ailleurs, qui sera habilité à signer ces contrats en l'absence du décret pour la définition d'une organisation de producteurs (OP). Pour ma part, je crains que cette signature soit d'émanation syndicale alors que mon groupement se revendique asyndical.
Jean-Michel Yvard : Début juillet, en tant que présidents de groupements, nous avons participé aux discussions pour la création de l'OP des producteurs Lactalis de l'Ouest. Nous n'avons pas souhaité continuer. Même si les initiateurs se sont prononcés pour son caractère non-commercial, nous nous interrogeons sur la pérennité de cette orientation après 2015. Adhérer à une OP commerciale à l'échelle d'un bassin de production ou nationale exposera les producteurs à un marché libéral. Lactalis négociera les volumes dont il a besoin à un prix donné. S'il n'obtient pas satisfaction, il aura les moyens de s'approvisionner ailleurs.
Appelez-vous à signer la deuxième version que Lactalis propose ?
J.-M.Y. : Aux producteurs de prendre leur décision. Ils ont le choix entre cette nouvelle proposition et le projet tripartite. Dans ce dernier cas, il ne faut pas signer la seconde version. Rappelons qu'elle est issue des négociations avec la délégation émanation FNPL mais aussi de nos propres négociations.
D.T. : Lactalis propose un contrat identique à ses 145 000 producteurs. Cette démarche nous convient. La nouvelle clause sur la cessibilité du contrat(1), le versement des pénalités dans un fonds pour des actions concertées, l'intégration du correctif matière grasse dans la référence 2015 et l'engagement à ne pas baisser les volumes après les quotas, même si ce n'est pas écrit aussi clairement, sont pour nous des avancées importantes. Au final, il revient aux producteurs de choisir.
Vous êtes au coeur du bassin de collecte de Lactalis. N'avez-vous pas plus à gagner par une relation directe ?
J.-M.Y. : Nous ne cherchons pas à « la jouer individuel ». À chacun de se prendre en charge pour défendre l'intérêt des producteurs. Ce n'est pas en déléguant la gestion de volumes en haut lieu que nous atteindrons cet objectif. Il faut cultiver la proximité. L'Ouest a une cohérence de production autour des produits industriels et des PGC. Mon département, la Mayenne, la perdra s'il se retrouve globalisé dans une grande organisation commerciale de producteurs.
Comment obtiendrez-vous de Lactalis la transparence sur les volumes ?
D.T. : La nouvelle version valide le principe de concertation avec les producteurs pour la gestion des volumes après 2015. Certes, elle n'apporte pas de garanties précises mais nous tablons sur la relation de confiance établie depuis de longues années avec l'entreprise.
Quelles garanties d'indépendance apportez-vous à vos adhérents ?
D.T. et J.-M.Y. : Nous adapterons les statuts de notre groupement au décret OP lorsqu'il paraîtra. Cette mise en conformité donnera des granties à nos adhérents et nous permettra d'avoir une relation équilibrée avec l'entreprise.
PROPOS RECUEILLIS PAR CLAIRE HUE
(1) L'Éleveur laitier ne connaît pas la nouvelle version à la mise sous presse de ce numéro.
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