Le long combat des fromages AOP et IGP pour obtenir le droit de maîtriser leur croissance entre dans sa dernière ligne droite. Le match, qui se joue désormais dans le cadre du paquet lait en cours de négociation, est loin d'être gagné. Menée par le Conseil national des appellations d'origine laitières (Cnaol) et portée par d'autres AOP dans le cadre de l'association Origin, la démarche se heurte en effet au refus des pays du nord de l'Europe. Début septembre, seuls neuf États membres (Autriche, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Italie, Malte et Portugal) s'étaient prononcés en faveur d'un tel dispositif. Trois pays s'étaient abstenus. Les quinze autres s'étaient opposés au nom du respect des règles de la libre-concurrence. « Ces pays rejettent un mode d'organisation qui, pourtant, ne coûte rien aux contribuables, n'a pas d'impact sur les prix aux consommateurs et bénéficie à toute une filière », déplorait Dominique Chambon, président du Cnaol, le 23 septembre dernier, Fort du soutien du Parlement européen – qui dispose désormais du pouvoir de codécision – et de celui du ministère de l'Agriculture français, le Cnaol espère malgré tout faire bouger les lignes.
Rallier l'Allemagne à la cause de Paris
Le temps est compté. Le trilogue, cette discussion tripartite entre la Commission européenne, le Parlement et le Conseil des ministres, a débuté le 14 octobre et le paquet lait doit être adopté d'ici à la fin de l'année. Les espoirs du Cnaol reposent, d'une part, sur les avancées qui ont déjà été obtenues depuis un an et, d'autre part, sur la perspective de convaincre certains pays de l'Est ainsi que l'Allemagne à ses positions. Pour rallier cette dernière, certains États, dont la France, souhaitent créer un lien entre les dossiers lait et vin. Une décision négative sur le paquet lait créerait en effet un précédent fâcheux pour les droits de plantation des vignes auxquels les Allemands sont très attachés, estiment leurs représentants.
Quoi qu'il en soit, pour contrer les craintes des instances européennes, la demande des ODG a été assortie de plusieurs conditions. Ainsi, pour ne pas bloquer la production et permettre aux nouveaux, tels que les JA, de rentrer sur le marché, il faudra assurer une croissance minimale de 0,1 %. À ce jour, si rien n'est gagné, rien n'est perdu.
ANNE BRÉHIER
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