Avec un prix moyen du lait standard (38/32) en France qui devrait atteindre 325 €/t, l'année 2011 a connu une conjoncture très favorable pour les produits laitiers. Cela va-t-il durer ? Question angoissante. Le retournement de tendance de 2008 et 2009 est dans toutes les mémoires. Des prédicateurs s'improvisent pour nous promettre l'apocalypse dès l'année prochaine.
Rappelons au préalable un élément structurel du marché. L'augmentation de la demande mondiale en produits laitiers est une tendance lourde et l'Europe est bien placée pour en profiter (voir L'Eleveur laitier du mois de mars 2011). Cela n'exclut pas la volatilité des cours depuis que l'UE a décousu les outils de régulation. Nous avons connu un premier frémissement à la baisse cet été sur les produits industriels, puis un redressement en septembre. C'est que l'offre en lait progresse dans tous les bassins, à commencer par le plus grand : l'Europe (entre 1,7 et 2 %). Avec la hausse de l'aliment du bétail, les États-Unis ont calmé leurs ardeurs mais progressent encore de 1,5 %. Sans que l'on dispose encore de statistiques, la collecte néozélandaise qui est à son pic au mois d'octobre serait très dynamique. L'Argentine a fait bondir sa collecte de 10 % mais la majorité de son lait reste en Amérique du Sud.
Tous les scénarios sont envisageables
Même si la Russie, le Japon et la Corée voient leur production faiblir, il y aurait donc plus de lait produit dans le monde. Heureusement la demande ne faiblit pas et absorbe aujourd'hui ces volumes. Sur les huit premiers mois de 2011, la Chine a augmenté ses importations de poudre grasse de 17 %, l'Algérie de 40 %. La Russie et le Japon achètent de grosses quantités de fromage. Les exportations européennes de poudre maigre progressent de 33 % en 2011. Cet équilibre offre-demande va-t-il tenir ? En octobre, les contrats de poudre 0 % à six mois sont plus hauts que le prix Spot, c'est plutôt une bonne nouvelle. Tout comme les enchères néozélandaises à la hausse sur la poudre grasse. Le cours mondial du beurre est orienté à la baisse mais l'UE, protégée par ses droits de douanes et sans aucun stock, affiche depuis plusieurs mois une cotation insolente de 4 000 €/t. La crise économique pourrait-elle casser la dynamique des achats des pays émergents ? À moins d'une récession mondiale, les économistes ne perçoivent pas ce danger sur les produits industriels. Mais l'inquiétude est réelle pour les PGC avec une consommation européenne mal orientée. Alors, quel prix du lait en 2012 ? Tous les scénarios sont possibles, y compris un accident climatique. La prudence nous fait envisager une tendance un peu baissière sur les produits industriels après les hausses de 2011, mais rien qui ressemble au crack de 2008. Une prospection pour 2012, dans un document de travail de la Commission européenne, table sur une cotation du beurre qui passerait de 3 900 à 3 100 €/t, celle de la poudre 0 % de 2 400 à 2 070 €/t, et un prix du lait moyen 2012 dans l'UE à 330 €/t au lieu de 357 €/t en 2011. Des chiffres à prendre avec précautions.
DOMINIQUE GRÉMY
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