Le marché européen du bio a doublé en valeur depuis dix ans. Les consommateurs français suivent la tendance et le pays est devenu le deuxième marché bio de l'Union, tous produits confondus. Le lait et les produits laitiers entrent pour 15 % dans le panier. Malgré tout, le bio ne représente que 1,2 % de la collecte nationale. Il est produit par près de 1 400 éleveurs majoritairement situés dans l'ouest.
La poursuite de cette croissance semble acquise, mais elle n'est pas écrite. Les transformateurs jouent avec succès sur l'élargissement de l'offre de nouveaux produits pour développer leurs ventes. Le Grenelle de l'environnement devrait soutenir la demande française en restauration mais pour le moment, force est de constater que le mouvement est lent. Une enquête révèle que les restaurants administratifs ne sont qu'à 8 % de produits bio en moyenne en 2010, loin de l'objectif de 20 % fixé pour 2012. Soulignons aussi qu'au Royaume- Uni, la crise économique et financière a un impact négatif sur la consommation de lait bio et la collecte devrait reculer de 15 % en 2011. Mais partout ailleurs, la demande reste ferme.
Les primes de conversion se réduisent ou disparaissent
Depuis la crise de 2001, la production française a eu du mal à suivre la demande. Mais le rythme s'est accéléré depuis deux ans et les conversions en cours laissent prévoir un équilibre entre l'offre et la demande à partir de 2015. L'enjeu est désormais de moduler la hausse des volumes en fonction des marchés. C'est ce que font les entreprises en jouant notamment sur le niveau des primes à la conversion. Elles ont disparu chez Lactalis qui cantonne sa collecte bio à proximité des cinq usines travaillant cette matière. Les coopératives telles Eurial affichent davantage de souplesse et continueront de collecter leurs adhérents qui franchissent le pas. Biolait a réduit sa prime de conversion de 30 € à 15 €/1 000 l et va moins importer en provenance du Royaume-Uni.
Le transport pèse sur le coût carbone
Un autre enjeu majeur porte sur la valeur ajoutée créée par ce marché. La grande distribution cherche à redorer son image grâce à la carte bio, n'hésitant pas à casser les prix pour attirer le chaland. Certaines enseignes proposent du lait bio à moins d'1 €/l. Une situation comparable à celle des produits conventionnels mais dénoncée par Lactalis qui voit la part de marché des marques reculer au profit des MDD. Certaines enseignes jouent le jeu du partenariat avec la filière, mais ce sont les plus agressives sur les prix qui gagnent des parts de marché. La filière bio doit aussi se préoccuper du coût carbone de ses produits car il grimpe vite du fait du transport. La logique voudrait que les marchés locaux soient privilégiés. Or, en France, les deux tiers des produits laitiers bio sont fabriqués à l'ouest, mais consommés à l'est.
P. L. C
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