Le décret concernant la prescription d'antibiotiques critiques et l'arrêté définissant la liste de ces médicaments ont été publiés les 18 et 25 mars. Ils ont pour ambition de réduire leur consommation vétérinaire, afin de limiter les risques de développement de résistances bactériennes à des molécules considérées comme essentielles en médecine humaine. Il s'agit des fluoroquinolones et des céphalosporines de troisième et quatrième générations. Ces antibiotiques restent disponibles dans l'arsenal thérapeutique, mais les conditions d'utilisation sont désormais restreintes : « Ce qu'il faut retenir, c'est qu'il n'y aura plus de prescription de ces antibiotiques "au comptoir", qu'il s'agisse de solutions injectables ou intramammaires, souligne Jacqueline Bastien, vétérinaire et membre de la commission médicament de la SNGTV. Dans tous les cas, le vétérinaire ne pourra les prescrire qu'après un examen clinique, suivi d'un prélèvement et d'un antibiogramme qui prouvent que les germes impliqués ne sont sensibles qu'à ces molécules. »
Les contrevenants risquent jusqu'à 150 000 € d'amende et deux ans d'emprisonnement. Gare aussi aux éleveurs tentés de s'approvisionner à l'étranger, ils risquent la suppression de leurs primes Pac en cas de contrôle de la DGAL. En élevage, les éleveurs sont demandeurs de spécialités à base de céphalosporine de troisième génération pour leur absence de délai d'attente dans le lait en vue de traiter des infections comme les panaris (Excenel à base de Ceftiofur). Des céphalosporines de quatrième génération sont utilisées en intramammaire, en lactation ou au tarissement, pour leur large spectre d'actions et certaines fluoroquinolones sont utilisées pour leur efficacité contre les mammites colibacillaires aiguës. « Cela va changer les habitudes, mais dans 98 % des cas, des solutions existent pour traiter sans ces molécules, rappelle Olivier Fortineau, membre de la commission médicament. Au-delà de la visite sanitaire annuelle, il ne faudra pas hésiter à refaire des examens en cours de saison pour mieux cibler le profil bactérien des germes de mammites de l'exploitation et le traitement de première intention. »
Remettre le suivi au coeur du protocole de soins
En cas d'infection aiguë, le décret laisse la possibilité de prescrire ces molécules, mais le praticien devra voir l'animal, faire un prélèvement et un antibiogramme. Quant au Ceftiofur, le décret sera peut-être l'occasion de faire des économies de traitement car trop souvent, les éleveurs piquent sans lever le pied pour confirmer la cause de la boiterie. En régions, des vétérinaires référents ont été désignés pour répondre aux questions des praticiens, participer à la formation et promouvoir les bonnes pratiques. « Il faut garder à l'esprit que les pouvoirs publics attendent des vétérinaires et des éleveurs une baisse de consommation de ces antibiotiques, prévient Jacqueline Bastien. Si tel n'est pas le cas, des mesures beaucoup plus contraignantes pourraient voir le jour. »
JÉRÔME PEZON
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