L'Argentine des 11 000 élevages laitiers a, sur le papier, de beaux jours devant elle. Le deuxième exportateur mondial de poudre de lait entier a produit 10,5 Mt de lait l'an dernier. Son foncier agricole permettrait bien plus. Les Argentins mobilisent en effet 30 Mha pour cultiver soja, maïs, blé et tournesol. Mais seulement 2,5 Mha pour des prairies et cultures fourragères vouées à la production laitière. Ils sont déjà sur les marchés fournis par l'Union européenne. De 2008 à 2010, l'Argentine a exporté en moyenne 150 000 t de poudre et 40 000 t de fromage par an au Brésil mais aussi vers l'Afrique. Sur le terrain, la collecte progresse de 16 % sur le premier semestre 2011, comparé à 2010, pénalisé par des conditions climatiques défavorables liées à un excès d'eau. Mais la progression est tout de même de 8,5 % comparé aux premiers mois de 2009, année normale. Autre fait notable : la relation de prix maïs-lait favorable aux éleveurs ces deux dernières campagnes. Conséquence : « Les rations s'en trouvent enrichies au bénéfice du niveau de production et de l'état corporel des laitières », explique, l'expert José Quintana. Lui-même est producteur sur 260 ha, avec 240 « hollando-argentines » (holsteins), à General Villegas, dans l'ouest de la province de Buenos Aires. autre élément qui devrait booster la production : la filière laitière est depuis peu bien traitée par un gouvernement pas tendre ces dernières années avec les autres filières agricoles.
Productions végétales et foncier : les deux freins
Contrairement aux céréales, les produits laitiers sont exempts de taxe à l'exportation depuis 2008. Les autorités reconnaissent là sa création de valeur ajoutée. Et puis, ici comme ailleurs, lait rime avec sécurité alimentaire et développement territorial équilibré. Enfin, anecdote qui a son importance : le père de l'actuelle présidente de la république argentine, Cristina Kirchner, était producteur de lait.
Si le potentiel laitier du pays paraît énorme, il peine à s'exprimer. Principale raison : les coûts d'investissements bien supérieurs à ceux de la production de soja… sans parler de la complexité de la conduite d'un troupeau. « Le lait peut être aussi rentable que le soja, mais l'activité est davantage exposée aux erreurs humaines », rappelle Gustavo Mozeris, un autre expert. « Pour se lancer dans le lait ici, il faut compter 5 000 à 10 000 €/ha pour acheter le foncier, plus 2 000 ou 3 000 €/ha pour les équipements et le troupeau », estime José Quintana. Des investissements qui, de surcroît, n'inspirent pas toujours confiance vis-à-vis du personnel et de l'incertitude politique. Fait éloquent, l'Uruguay, petit pays situé de l'autre côté du fleuve La Plata, réputé plus stable sur le plan politique, recevrait actuellement des investissements dans des projets laitiers sur des terres de moindre qualité qu'en face. Face au défi de répondre à la demande de lait dans le monde, l'État argentin dispose aussi de moyens modestes. Par exemple, des crédits à taux préférentiels accordés aux éleveurs pour acheter du foncier ou des biens d'équipements, plafonnés à 130 000 €, à rembourser sur huit ans, à des taux d'intérêts annuels de 6 à 8,5 %.
MARC-HENRY ANDRÉ
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