Face à la baisse des prix, les industriels irlandais - quasiment tous des coopératives - rivalisent d'ingéniosité pour soutenir les revenus de leurs membres.
Quatre ont ouvert des contrats de volumes à prix fixe ces derniers mois : Glanbia, Kerry, Dairygold et Carbery. Pour ces trois derniers, c'est une première. Les contrats sont plafonnés de 5 à 20 % de la production de l'éleveur. Les prix de base proposés varient entre 270 et 300 €/1 000 kg, avec ou sans les bonus qualité. Ces offres semblent rétrospectivement alléchantes alors que le prix de base se situe aujourd'hui entre 230 et 240 €.
Contrats à portée limitée
Cette contractualisation n'est pas la panacée . Les volumes sont proposés sur 18 à 36 mois. Conditionnés à des débouchés eux aussi à des prix garantis en aval, ils restent largement inférieurs à la demande des producteurs. « J'ai obtenu de quoi traire quatre vaches. Cela ne vaut pas la paperasse nécessaire », estime John Kelly, éleveur dans le comté de Wicklow, qui a souscrit au contrat Glanbia. Le numéro un irlandais a déjà de l'expérience sur le sujet. Il a lancé le dispositif en 2011 et ouvre sa septième tranche de contrats. Les conditions sont cette fois plus strictes : s'engager sur 33 mois à 268 €/t contre 18 mois précédemment, renoncer, sur le volume contractualisé, à tout bonus en plus du prix de base pendant les quinze premiers mois, ne recevoir le prix fixe que sur la moitié du volume contracté pendant ces quinze mois. Sous la pression des politiques, le commissaire irlandais Phil Hogan en tête, Glanbia cherche ailleurs les moyens d'aider les éleveurs face à la volatilité des prix.
Un fonds de 100 M€ créé par l'État et Glanbia
Le 9 mars a vu le jour MilkFlex, une quasi-banque financée à hauteur de 100 millions d'euros par l'État et la coopérative afin de prêter jusqu'à 300 000 € à ses membres à taux bonifiés, remboursables sur huit ans. Les conditions de remboursement sont inédites : pas de mensualités l'hiver quand les vaches sont taries, une réduction, voire une pause dans les mensualités, lorsque le prix du lait tombe sous certains seuils, et une augmentation pour rembourser plus vite lorsque les cours s'envolent.
L'Irlande, qui connaît la plus forte progression de la collecte en Europe en 2015 (+ 13,3 %), est satisfaite du doublement du plafond d'intervention pour la poudre et le beurre décidé le 14 mars à Bruxelles.
Contre une gestion de la production
En revanche, elle s'oppose à tout contrôle de la production, même volontaire (voir p. 20).
Le vrai amortisseur de la crise reste aujourd'hui le soutien direct des coopératives. À elle seule, Glanbia a dépensé 30 M€ en 2015 pour soutenir les prix et met 35 M€ sur la table en 2016, avec un bonus actuel de 9,50 €/1000 l. Selon TJ Flanagan, de la fédération des coopératives Icos, « on ne peut qu'espérer que l'offre et la demande globales se rééquilibrent rapidement, car le niveau de soutien aux prix des coopératives ne peut avoir qu'une durée limitée. » L'Irlande fait le dos rond en attendant la reprise mondiale.
THOMAS HUBERT
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