L'organisation des producteurs n'est pas un vain mot pour eux ! Voilà plus de deux ans que les producteurs du Nord-Pas-de-Calais sont de plain-pied dans le sujet. « La réflexion a débuté en 2007-2008. Les relations avec les industriels se sont compliquées ces dernières années. Tous les six mois, les producteurs sont devant les usines pour peser dans les négociations sur le prix du lait. Nous ne pouvons plus continuer à fonctionner ainsi. Avec l'abolition des quotas, il devient évident que nos groupements de producteurs doivent être davantage reconnus par les industriels privés, tout en conservant le cadre interprofessionnel », défend Gilles Durlin, président du groupement de producteurs Danone- Bailleul (760 exploitations du Pas-de-Calais et du Nord). Même écho du côté des groupements Novandie-Vieil-Moutier (230 exploitations du Pas-de-Calais et de la Somme) et Lactalis-Cuincy (230 exploitations du Pas-de-Calais et du Nord). Ce n'est pas le fruit du hasard.
Dans le Pas-de-Calais, voilà quarante ans que les groupements travaillent en concertation au sein de l'Association départementale des producteurs de lait.
Mandats de négociation et facturation
« C'est une fédération départementale des groupements de producteurs, définit Frédéric Blondel, animateur de l'ADPL 62. Leur rassemblement en 1972 visait un traitement identique des producteurs, quelle que soit la laiterie. Cet objectif est toujours d'actualité. » Concrètement, les adhérents ne versent pas leur cotisation annuelle au groupement mais directement à l'ADPL 62 (42 €/100 000 l ). Une partie remonte à la FNPL, « ce qui permet de bénéficier des informations économiques et juridiques ».
L'ADPL 62 revendique un taux d'adhésion de 80 à 85 %.
Cette réflexion commune aboutit, en décembre 2009, à l'officialisation des groupements via la constitution d'associations loi 1901. Une deuxième étape est franchie au premier trimestre 2011. Une assemblée générale extraordinaire ajoute à leurs missions le pouvoir de négocier les conditions générales de vente du lait et d'assurer la facturation des livraisons. « Le groupement délivrera le mandat de facturation à la laiterie lorsqu'il aura la certitude d'avoir obtenu des clauses de contrat équitables », précise Gilles Durlin. Fin mai, 68 % des producteurs Danone avaient envoyé leur mandat de négociation et de facturation, 55 % des producteurs Lactalis et Novandie. « Ces réponses sont spontanées. A nous maintenant d'expliquer notre démarche aux producteurs hésitants ou retardataires », souligne Emmanuel Lepecquet, président du groupement Novandie.
Quel avenir pour la FNPL ?
Ces groupements sont la première étape du projet FNPL, à savoir des organisations asyndicales structurées autour de leur laiterie, avant une éventuelle concertation à l'échelle du bassin. « Toutes les tendances syndicales s'expriment dans le groupement Danone », affirme Gilles Durlin, en précisant que quatre des trente membres du nouveau conseil d'administration sont « Aplistes ». « Les débats sont animés mais aucun sujet n'est occulté. » Cette « asyndicalisation » ne risque-t-elle pas de se retourner contre la FNPL ? Les statuts de ces groupements prévoient la possibilité de percevoir les cotisations de leurs membres pour financer, par exemple, l'accompagnement d'actions spécifiques demandées par l'entreprise. Cela signifierait moins de cotisations versées à l'ADPL 62 et donc à la FNPL.
CLAIRE HUE
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
Le marché du lait Spot s’agite avec la rentrée
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
Facturation électronique : ce qui va changer pour vous dès 2026
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
L’agriculture biologique, marginalisée d’ici 2040 ?