Blamont à l'heure des choix

L'heure des décisions approche pour les fromageries de Blamont. On se rappellera que la coopérative meurthe-et-mosellane avait mis en stand-by son mariage avec le groupe vosgien de l'Ermitage peu de temps après l'annonce de leurs fiançailles début 2010. Il devait drainer dans son sillage l'UAC et l'ULM, et créer un ensemble coopératif d'envergure nationale (800 Ml, 2 700 exploitations et 70 000 t de fromages/an). L'absence de la perspective claire d'une vraie fusion, synonyme de prix du lait égal pour tous, avait rebuté les « Blamont ». D'où leur décision de revenir à la table des négociations quand ils seraient plus forts. Traduisez quand ils auraient redressé la barre de leur activité emmental déficitaire (environ 10 000 t/an produites sur le site très vieillissant de Belfort). Les difficultés persistantes en 2010 pour regagner de la valorisation sur ce produit basique ne les ont pas aidés. Payes de lait versées en deux fois depuis plus d'un an (trois fois en novembre), retenues de 9,09 €/1 000 l depuis plusieurs mois, l'effort « demandé » aux producteurs a été énorme, mais pas vain. Fin mars, la coop leur indiquait par courrier être en ligne avec ses prévisions d'un équilibre fin décembre (96 000 € contre une perte de 5 M€ l'an passé). Elle leur rappelait aussi celle de renouer avec l'équilibre fin juin 2011, date de clôture de l'exercice, contre - 8 M€ en 2010.

2 millions d'euros de Sodiaal pour assurer les payes de février

Les producteurs ont traduit que leur prix du lait au second trimestre serait encore modulé d'une retenue. Mais aussi qu'il ne fallait plus se faire trop d'illusions sur la force retrouvée pour discuter d'égal à égal avec un partenaire. Pour autant, les « Blamont » seront-ils obligés de se soumettre aux règles de l'Ermitage, avec dix-huit mois de retard ? Pas sûr. L'arrivée de Sodiaal dans le jeu avec la reprise d'Entremont leur offre une alternative. L'avance remboursable de 2 M€ accordée par Sodiaal pour leur permettre d'assurer les payes de lait de février est peut-être déjà le signe d'un partenariat commercial sur les ventes d'emmental… en attendant une réorganisation plus globale autour de l'atelier haut-marnais d'Entremont à Langres, confirmé dans sa pérennité. Réponse début juin quand les conclusions de l'étude du cabinet Sofra en cours devraient être divulguées aux producteurs « pour prendre les décisions qui s'imposeront à nous », conclut le courrier de la coopérative.