Arroseurs arrosés les industriels laitiers ? Ça y ressemble. Après une année 2009 où ils se sont fait « étriper » par l'Allemagne et les Pays-Bas sur les marchés du lait UHT et de l'emmental, ils poussent à la roue une étude sur le manque de compétitivité de la filière française. À leurs yeux, c'est sûr, l'amont n'est pas assez restructuré pour supporter comme outre-Rhin un prix du lait bas. Le Cniel s'exécute et demande au cabinet McKinsey d'officier. En août 2010, l'étude est bouclée, mais il faut attendre le congrès de la FNPL mi-mars pour avoir quelques éléments sur l'amont. Rien de bien nouveau. Le constat fait depuis longtemps par l'Inra et l'Institut de l'élevage vaut toujours. La France « paye » sa politique de gestion des quotas (gestion départementale, lien quota-foncier…) limitant la concentration du lait sur la SFP et favorisant l'occupation du territoire.
Conséquence logique de ce choix : si, à système comparable, le résultat évalué aux 1 000 l est très proche entre l'exploitation intensive de plaine française, allemande ou néerlandaise, ramené à l'UMO (unité de main-d'oeuvre), il est 2 à 2,5 fois inférieur. L'Allemand et le Néerlandais, qui traient 2 à 2,5 fois plus de lait par UMO, sont passés par là.
18 €/1 000 l de surcoût du fait de « l'effet taille »
Les conclusions sur l'aval n'ont filtré que début avril. Qu'y découvre-t-on ? Que l'industrie pèche aussi dans sa compétitivité. Et cela de façon suffisamment importante pour réduire à néant ses avantages sur le mix-produits et les prix. Ce plus sur le mix-produits est la somme d'effets qui s'opposent. L'industrie française vend plus sur le marché intérieur et moins à l'export où les marges sont inférieures.
Elle fabrique aussi davantage de produits sous marques où les marges sont plus élevées. En revanche, la forte saisonnalité de la collecte l'oblige à produire plus de produits industriels à marges négatives. Le poids faible du hard discount dans la distribution lui permet enfin de vendre plus cher.
Là où le bât blesse, c'est que ses coûts de production annulent tout cet avantage. Le cabinet McKinsey évalue en moyenne à 18 €/1 000 l les surcoûts de transformation et d'emballage des industriels français. La faute essentiellement à une moindre restructuration des outils de transformation. La taille moyenne d'une usine de lait conditionné est de 250 Ml en France, contre 500 Ml en Allemagne, dont la Muh qui traite 1 Mt sur un seul et même site. Même décalage sur l'emmental avec les Pays-Bas. Quand l'atelier français produit en moyenne 30 000 t par an, le néerlandais est à 75 000 t… qui ne sont même pas de l'emmental mais de l'edam (avec un meilleur rendement fromager et un avantage de 10 % sur le coût de la matière lait). Ce surcoût moyen de 18 € est certainement un prix à payer supportable quand on fabrique des produits spécifiques en plus petites quantités bien valorisés. Mais il n'est pas viable pour se battre à armes égales sur des marchés de masse comme le lait UHT, l'emmental ou le beurre-poudre.
JEAN-MICHEL VOCORET.
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