Un bras de fer entre transformateurs et distributeurs

En 2009, l'augmentation des prix de ventes des produits laitiers dans les linéaires avait entrainé une baisse de leur consommation.© CLAUDIUS THIRIET
En 2009, l'augmentation des prix de ventes des produits laitiers dans les linéaires avait entrainé une baisse de leur consommation.© CLAUDIUS THIRIET (©)

Les transformateurs ont dû batailler pour répercuter la hausse du prix du lait de 2010 et celle à venir en 2011 sur le prix de ventes de leurs produits laitiers à la grande distribution.

Les négociations commerciales entre la grande distribution et les transformateurs laitiers se sont déroulées dans une ambiance très tendue. Ces derniers se trouvaient devant une double problématique. D'une part, répercuter la hausse moyenne du prix du lait de 10 % en 2010. Une augmentation qu'ils n'avaient pas prévue en début d'année dernière. D'autre part, répercuter celle prévisible de 10 % en 2011, là encore pas suffisamment anticipée au début des négociations. « Les discussions ont très mal débuté, analyse Christèle Josse, directrice de la FNCL. Les distributeurs refusaient toute hausse. »

Beuralia, filiale de Sodiaal, et Laïta ont suspendu leur livraison pendant quelque temps pour faire pression. Le Glac n'a obtenu qu'une hausse de 0,03 € sur sa brique de lait demi-écrémé standard alors qu'il réclamait 0,05 €. Soit une augmentation de son prix de vente sortie d'usine de 6,4 %. La coop affirme sa ferme volonté de déployer tous les moyens afin de respecter la grille de paiement régionale du prix du lait. Avec six enseignes contre 300 transformateurs, négocier en France semble particulièrement difficile. « En Allemagne, les discussions vont débuter en mai. Les transformateurs allemands seront plus armés que les Français pour passer la hausse réelle du prix du lait », déclare un industriel privé.

Lactalis semble en position de force face à Leclerc

Les négociations sur les marques se sont officiellement terminées le 1er mars. Malgré cela, le bras de fer engagé entre Lactalis et Leclerc se poursuit. Avec son culot habituel, l'enseigne a communiqué sur son refus d'accepter les hausses de tarifs du géant lavallois. En réalité, c'est ce dernier qui aurait décidé de mettre la pression en ne livrant plus Leclerc.

Depuis, les deux parties seraient revenues autour de la table. Lactalis semble en position de force. Leclerc représente 12 % de ses ventes en France mais seulement 3 % au niveau mondial. Surtout, sa marque Président est suffisamment forte pour que Leclerc craigne que ses consommateurs se détournent de ses magasins pour la trouver ailleurs. Selon la grande distribution, le prix au consommateur des fromages augmentera de 2 à 4 % et celui du beurre de 4 à 8 %. Une chose est certaine : la hausse du prix du lait ne sera pas répercutée à 100 % dans les linéaires. « En 2009, des augmentations trop importantes avaient fait baisser les ventes », analyse Jehan Moreau, directeur de la Fnil. Les transformateurs ont aussi la possibilité de renégocier en cours d'années les MDD (marques de distributeurs). Reste l'idée avancée par la FNSEA de répercuter automatiquement les variations de prix des matières premières sur les prix à la consommation. Les industriels privés et les coops sont contre. Un tel mécanisme exclurait des négociations une grande part de la formation du prix des produits.

NICOLAS LOUIS

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

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