C'est une course contre la montre qu'ont entreprise la FNPL et l'Apli. Depuis la mi-février, elles multiplient les réunions dans les communes, avec un mot d'ordre : « Ne signez pas en dehors des organisations de producteurs le contrat qui vous sera proposé par les industriels. »
La FNPL lance aussi un numéro indigo (0 825 729 726, 0,15 € TTC la minute) pour éclairer individuellement les éleveurs et a mis au point une lettre réponse-type d'attente à envoyer à la laiterie. Le décret paru fin décembre sur l'obligation des transformateurs à proposer un contrat avant le 31 mars a semé la confusion dans les rangs des producteurs. Tous ne sont pas concernés de la même façon. Sont surtout en première ligne ceux livrant leur lait à un industriel privé. Les éleveurs-coopérateurs, eux, sont déjà engagés. Leurs coopératives disposent d'ailleurs d'un délai, jusqu'au 1er juillet, pour mettre en conformité leur règlement intérieur avec le décret.
Pour la FNPL, l'urgence est de constituer, dans un premier temps, un maillage d'organisations de producteurs (OP) « sans étiquette syndicale » par entreprise privée ou, s'ils fournissent un grand groupe, par site de transformation ou bassin de collecte. En Bretagne, les livreurs de Lactalis viennent de créer une association. Les producteurs CLEPS-Bongrain planchent sur une démarche identique. En Basse-Normandie, des « Lactalis » espèrent fédérer leurs collègues du sud de la Manche au bocage virois (Calvados).
Même s'ils sont de bonne foi, les sympathisants FNPL réussiront-ils le pari de rassembler au-delà des divergences syndicales pour imposer un interlocuteur représentatif ? C'est que la grève du lait a laissé des traces. « La FNPL veut garder la main sur les groupements de producteurs, dénonce l'Apli. Nous sommes persuadés qu'elle ne prendra pas le risque de nouvelles élections dans les groupements existants pour une représentation de toutes les sensibilités. » Cette défiance l'incite à proposer un projet alternatif, à savoir la création d'un « France Milk Board », lui aussi « asyndical », auquel tous les producteurs pourront adhérer. Mais là n'est pas la seule raison. L'Apli est convaincue que des OP par laiterie ne feront pas le poids face à l'aval. Elle milite pour des OP transversales qui négocieront un contrat identique pour toutes les laiteries.
Le contrat Apli encore flou
Ce contrat - à peine dévoilé - s'appuiera sur les normes européennes, notamment celles sur la qualité du lait. Les laiteries ayant des exigences supérieures dans ce domaine pourront les faire valoir, à condition que le prix les prenne en compte.
Dans tous les cas, il sera lié au coût de production du lait. « Ce contrat sera aussi proposé aux coopératives », précise l'Apli. Elle estime que l'adhésion à la fois à « France Milk Board » et à une coopérative est compatible. La FNCL affirme le contraire, considérant que les coopératives constituent des OP par nature.
De quoi accentuer la confusion chez les producteurs venus à la pêche aux informations.
Le clivage entre projets FNPL et Apli n'est pas de bon augure pour l'avenir de la production. Heureusement, des voix commencent à s'élever pour défendre les points de convergence.
Des sympathisants aplistes siègent désormais au conseil d'administration de deux groupements Danone. L'Apli Vienne affirme sa volonté d'ouverture (voir p. 4).
C. HUE ET P. LE CANN
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