Organisé par les chambres d'agriculture, le colloque avait pour thème :
« Quelles pistes pour redynamiser la production laitière dans le bassin Sud ? ». Un sujet brûlant dans cette zone du Sud-Ouest qui rassemble les départements du Gers, de la Haute-Garonne, des Hautes-Pyrénées, de l'Ariège et de l'Aude. Les cessations laitières y sont deux fois supérieures aux autres régions françaises alors que les installations sont quasi inexistantes.
Une problématique présente plus largement dans tout le Sud-Ouest (Midi-Pyrénées et Aquitaine). Cette vaste région assure 7,6 % de la production laitière nationale, l'équivalent d'un département comme l'Ille-et-Vilaine, soit un quota de 1,8 milliard de litres pour 5 600 points de collecte. Le Sud- Ouest affiche aussi une sous réalisation chronique : - 17 % en dessous de son quota avec un décrochage spectaculaire de la collecte à partir de 2005. Depuis dix ans, 4,7 % des exploitations laitières disparaissent chaque année. Davantage encore dans les cinq départements cités plus haut (- 5,48 %), avec une pointe à - 6 % dans le Gers qui affiche 30 % de sous-réalisations.
Paradoxalement, la filière laitière cumule plusieurs atouts. Les cinq premiers transformateurs français sont là et collectent 80 % du lait produit pour un mix-produit axé essentiellement sur les produits de grande consommation. Ils ont à leur porte un énorme bassin de consommation qui s'étend à l'Espagne. Avec une référence moyenne de 265 000 l, les exploitations se sont fortement restructurées depuis dix ans. Et pour peu que l'eau ne soit pas limitante : « On sait sortir des UF à l'hectare », affirme Jean-Louis Cazaubon, président de la chambre régionale. Cela n'a pas suffi. Et l'un des scénarios plausibles est que cette filière s'éteigne à l'horizon 2020 après que les industriels aient quitté la région, faute de rentabilité de leurs outils. L'affaire est donc sérieuse. Les transformateurs présents au colloque (3A, Danone et Lactalis) se sont voulus rassurants, affirmant la main sur le coeur qu'ils resteraient dans la région. Mais pas question pour autant de développer la production, donc de combler cette sous-réalisation abyssale.
Les coûts de collecte
Lactalis (1 200 producteurs dans le Sud-Ouest) a été très clair :
« Notre groupe, qui collecte 5 milliards de litres de lait en France, peine à en valoriser 1 milliard, pas question d'en acheter davantage. Nous n'avons pas la vocation de collecter du lait sans valorisation en face. » Un discours qui a du mal à passer chez les producteurs. « On nous dit qu'on ne produit pas assez, mais ils n'en veulent pas plus ! »
Moins abrupte, la coopérative 3A fait savoir qu'elle supporte dans le Sud-Ouest des coûts de collecte très supérieurs à ce qui se passe ailleurs. « Il faut massifier la production autour des sites de transformation et continuer à étaler la production annuelle pour nos débouchés PGC », conclut Thierry Lanuque, président de l'interprofession régionale.
Sauf miracle économique pour le lait en Europe, la filière lait du Sud-Ouest ne retrouvera pas sa grandeur d'antan. Elle n'a plus qu'à protéger ce qui reste en organisant d'ici à 2015 une vraie mobilité des références. Autre levier stratégique : favoriser les transmissions d'exploitations et encourager les regroupements.
DOMINIQUE GRÉMY
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