Depuis deux ans, les adhérents des coops à comté vivent à mille lieux des turpitudes qui secouent le lait standard. Oubliées, pour ces Francs-Comtois, les crispations de 2008 qui avaient vu des producteurs en colère s'inviter à une réunion de la commission des contrats au siège du CIGC, l'interprofession. Les affineurs s'étaient engagés à rehausser les prix sous réserve de passer des hausses aux GMS. Depuis, la MPN(1) qui traduit la valorisation des comtés par les affineurs, ne cesse de croître. Et avec elle, le prix du lait, la MPN servant de base aux contrats avec les coops. Témoin, le prix moyen payé sur 2009-2010 par les Fruitières du Doubs : 420 €/1 000 l. Et pour 2010-2011, on parle de 15 € en plus.
Si les affineurs ont réussi à passer des hausses quand, en 2009, les autres produits laitiers piquaient du nez, c'est qu'ils ont tiré profit d'une conjoncture particulière : des foins 2007 et 2008 de piètre qualité qui ont freiné les fabrications. Résultat : avec une demande soutenue, une chute des stocks. Au point qu'en 2009, le comté a manqué pour satisfaire toutes les commandes et a vu ses ventes fléchir à 46 738 t (48 189 t en 2008). « Lahausse de la MPN est due aussi à une baisse des volumes destinés à la fonte, secteur le moins valorisant (- 1 085 t par rapport à 2008) », précise Jean-Jacques Bret, directeur du CIGC.
Le boum du râpé ne s'est pas fait aux dépens du prix
Le niveau des stocks étant revenu à celui de 2006 où la MNP était loin des 6,80 €/kg de fin 2010, une question s'impose : faut-il craindre un retournement de tendance ? « Il n'y a pas lieu de s'alarmer, car les ventes sont encore assez soutenues », estime Vincent Grillot, représentant des affineurs. En 2010, elles ont progressé de 2,1 % à 47 670 t, tirées par le préemballé (3,7 % à 17 942 t) et le râpé (11,3 % à 1 052 t). Rassurant, le boum du râpé (autorisé depuis deux ans) ne s'est pas fait comme craint aux dépens du prix. Alors que la filière a commencé de reconquérir les marchés perdus en 2009, on parle aussi du retour possible de Lidl comme acheteur et, avec lui, d'un potentiel de 1 500 t.
Le comté pourrait aussi mieux faire à l'export. C'est tout l'enjeu d'une promotion CIGC de 4 M€/ an, dont 1,2 M€ hors Hexagone. Pour Éric Chevalier, de Jura- Gruyère, « l'export est la clé pour l'avenir, car on sait que le marché français aura vite ses limites ». Pour autant, le rythme de croissance actuel des fabrications (4,1 % sur un an, à 56 350 t), plus soutenu que celui des ventes, appelle à la prudence. « Il est crucial que producteurs et fromageries continuent de se soumettre à une autodiscipline de production. Ce n'est qu'à ce prix que le plan de campagne qui encadre la croissance poursuivra ses effets bénéfiques conjuguant ouverture, dynamisme et prévention des crises », insiste Jean-Jacques Bret.
JEAN-MICHEL VOCORET
(1) Moyenne pondérée nationale.
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