
Il y a plus de convergences que de divergences dans les deux projets, FNPL et Office du lait-Apli, qui s'offrent aux producteurs.
Les producteurs de lait ont rendez-vous avec l'histoire s'ils veulent avoir une chance de ne pas se voir dicter leur avenir par les transformateurs. Le projet de minipaquet lait leur donne une chance unique mais aussi une seule fenêtre de tir. Pour rééquilibrer le rapport de force avec les industriels, ils n'ont pas d'autre choix que de se rassembler. C'est la raison d'être des propositions de dérogations au droit de la concurrence qui devraient être entérinées par l'UE. Elles porteront à 3,5 % de la production européenne (5 Mt de lait), et 33 % de la production nationale, la limite maximale de ces regroupements. De quoi, sur le papier, fédérer les producteurs de l'Hexagone dans cinq entités.
DES POINTS DE FRICTION MINEURS AU REGARD DE L'ENJEU VISÉ
Sur le caractère stratégique de cette massification de l'offre, tous les syndicats sont unanimes. D'où le projet de la FNPL d'Ocep que ses élus tentent de vendre dans les départements depuis plusieurs semaines. D'où l'initiative plus récente de l'Office du lait, créé en mai 2010 par l'Apli et relancé depuis peu. Son but : promouvoir des OP. Sur le papier, les convergences sont nombreuses. Même ambition de rassembler indépendamment des chapelles syndicales, de créer des organisations transversales ou fédérées par bassin, d'avoir d'abord un rôle de négociation des contrats, les producteurs restant liés avec leurs laiteries. Ils diffèrent néanmoins sur quelques points que l'on peut considérer comme mineurs au regard de l'Everest à gravir. L'Office du lait pousse à adhérer d'entrée à des OP transversales. Pragmatique, la FNPL veut démarrer en s'appuyant sur les groupements par laiterie existants. Et, dans un second temps, fédérer ces OP par bassin laitier pour qu'elles définissent une stratégie commune cohérente. « Vouloir imposer d'entrée une structure par le haut risque de nous conduire à l'échec », craint Patrick Ramet, de la FNPL.
L'Apli y voit une façon pour le syndicalisme majoritaire de rester aux commandes. « Oui aux équipes en place si elles sont réélues par la base. Nous voulons repartir de zéro et surtout ne pas tomber, comme les Suisses, dans le piège d'OP verticales par laiterie », explique Paul de Montvalon, président de l'Office du lait. Autre divergence : les coops qui, d'après le projet d'arrêté dans le tuyau, seraient de facto agréées en tant qu'OP, et sans avoir à se plier aux minima imposés aux autres OP (1 000 producteurs ou 500 Ml de lait). Sur ce sujet, la FNPL se dit « non favorable à la généralisation d'OP en amont des coopératives qui, quand elles existent, sont le reflet de dysfonctionnements dont la responsabilité incombe à la coopérative elle-même ». De son côté, Paul de Montvalon n'en démord pas : les coopérateurs doivent avoir le choix.
Reste à savoir si les porteurs de ces deux projets sauront se retrouver sur ce qui les rassemble pour arriver à leurs fins : construire des OP de poids. Ou s'ils vont s'étriper sur leurs points de frictions, sous l'oeil de laiteries qui n'ont aucun intérêt à voir des OP indépendantes se mettre en place. L'émergence d'une tendance modérée et plus constructive au sein de l'Apli laisse une lueur d'espoir.
JEAN-MICHEL VOCORET
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