La notoriété régionale sans les contraintes

Les camemberts, qu'ils soient pasteurisés, microfiltrés ou thermisés, portant la mention « fabriqué en Normandie » font de l'ombre à l'AOC camembert de Normandie. Une enquête réalisée auprès de 600 consommateurs normands – donc considérés avertis – démontre la confusion qu'entraînent ces deux références régionales dans leur esprit. En tête des camemberts cités pour désigner l'AOC, les marques Lactalis Président (31 % des réponses) et Lanquetot (17 %)… non AOC. À l'inverse, les deux autres fromages AOC bas-normands Livarot et Pont- L'Évêque sont identifiés en tant que tels. Plus de la moitié des enquêtés est incapable de leur appliquer une marque.

Cette confusion est d'autant plus préoccupante qu'elle ne devrait pas avoir lieu. Selon l'Inao, l'indication « fabriqué en Normandie » est totalement contradictoire avec la réglementation européenne. Cette dernière impose en effet « la réservation des noms des appellations d'origine aux produits qui respectent le cahier des charges AOC ». Et l'Inao d'enfoncer le clou : « Le nouveau décret, publié en 2008, homologuant le cahier des charges du camembert de Normandie a aboli toutes les références au “fabriqué en Normandie”. »

Silence radio de la Répression des fraudes

Contactée à plusieurs reprises, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes n'a jamais répondu sur cette illégalité présumée que commence à dénoncer la filière AOC camembert. « Comment pouvons-nous exister et nous développer alors que nos coûts sont plus élevés.

Nous répondons à un vrai cahier des charges et à des contrôles, contrairement aux camemberts “fabriqués en Normandie” ? »

Une question fondamentale dans un contexte de stagnation de ses ventes qui n'incite pas les 700 producteurs à négocier une revalorisation de leur prime (30 €/1 000 l maximum). Contrairement aux Auvergnats qui passent à 40 €/1 000 l en 2011.