Inaugurée officiellement le 28 septembre, l'usine Synutra de Carhaix (Finistère) est en fait le point de départ d'une nouvelle aventure. Et pourtant, c'est déjà la plus grande usine du monde dans la spécialité des poudres infantiles. 170 M€ y ont été investis et il a fallu plus de deux ans avant de sortir la première boîte. Lorsqu'elle tournera à plein régime, l'usine transformera 800 000 l de lait par jour et réalisera 500 M€ de chiffre d'affaires, soit autant que sa maison mère. Le lait est fourni par Sodiaal qui a signé un contrat pour 288 Ml/an pendant dix ans. Ce sont ainsi 800 exploitations bretonnes qui travaillent désormais pour approvisionner l'usine. Celle-ci emploie 280 personnes et la poudre de lait est conditionnée sur place en big-bag, en sac ou en boîte. L'ensemble part ensuite vers la Chine par conteneurs au départ de Brest. Le lactosérum est livré par Euroserum, en provenance d'autres usines bretonnes. Mais l'entreprise démarre des travaux sur le site de Carhaix pour préparer sur place les produits nécessaires à Synutra (sérum déminéralisé). Une troisième usine est attendue d'ici à 2017-2018. « Nous allons produire du lait infantile UHT, conditionné en briquettes, toujours à destination de la Chine », précise Christian Mazuray, président de Synutra France international. Et une quatrième est attendue un peu plus tard, probablement pour fabriquer du fromage.
« Nous ne cherchons pas à nous impliquer dans la négociation des prix »
Cet engagement de Synutra en France n'est, bien sûr, pas un hasard. Le « made in France » a la cote auprès des parents chinois méfiants vis-à-vis de leurs produits locaux. Synutra est venu chercher en Bretagne la sécurité d'approvisionnement et la garantie de traçabilité. À ceux qui s'inquiètent de ce développement, Christian Mazuray répond : « Ce n'est pas de la colonisation ! Ce projet peut contribuer à améliorer la situation des éleveurs laitiers bretons. »
Et à en croire le discours de Zhang Liang, PDG de Synutra International, l'entreprise n'est pas là pour trouver une matière première à bas prix. « Nous sommes des industriels qui vendons des produits très marquetés. Nous ne cherchons pas à nous impliquer dans la collecte et dans des négociations de prix avec les producteurs. Notre contrat avec Sodiaal est très clair : le prix du lait est celui du marché. »
La montée en puissance du site modifiera forcément l'équilibre breton du marché du lait. Nul ne sait si Synutra proposera un nouveau contrat à Sodiaal ou cherchera d'autres partenaires. La rumeur dit qu'à terme, Synutra aurait besoin de un milliard de litres. L'entreprise ne confirme pas. Christian Mazuray affirme que le lait viendra de la région : « La traçabilité, mais aussi la qualité d'une poudre réalisée avec du lait frais, et non en achetant divers produits sur les marchés, constituent les atouts majeurs que Synutra met en avant. Et cela restera. »
PASCALE LE CANN
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