L'épilogue dans l'affaire du robot de traite en filière comté n'est pas pour demain. Rappel des faits. En janvier 2015, le tribunal donne raison à un Gaec candidat à l'achat d'un robot, contre sa coopérative appuyée par l'interprofession, qui le menace de ne plus le collecter au prétexte que la traite en libre-service est interdite par l'AOP. Certes, observe le juge, mais rien n'empêche en multipliant le nombre de robots de traire matin et soir ou d'éliminer les premiers jets tel qu'écrit.
Fort du jugement, le Gaec acquiert deux stalles, ajuste son cheptel à 40-45 VL traites et met en route ses robots le 5 janvier dernier. Depuis la coopérative lui achète son lait, sous peine d'astreinte (250 €/j), au prix du lait à comté mais le détourne en lait standard. Manque à gagner : 80 000 €/an, soit 10 €/1 000 l sur les 8 Ml collectés par la coopérative de Pierrefontaine-les-Varans (Doubs)... sans compter les frais liés à la mise en place d'un second camion de ramassage.
Appel du CIGC affaibli par la bévue de l'avocat de la coop
La manifestation, qui le 7 mars 2016 (L'Éleveur laitier d'avril), avait rassemblé un millier de producteurs pour soutenir Pierrefontaine-les-Varans, n'a pas entamé la détermination du Gaec appuyé par une avocate opiniâtre. En revanche, ce n'est pas e la qualité première de l'avocat de la coopérative qui a oublié de faire appel dans les délais. Résultat de cette bévue, seul le CIGC a pu le faire mais affaibli, la partie adverse ayant beau jeu de le contester, plaidant que le non-appel de la coopérative signifie qu'elle approuve le jugement. Verdict le 27 septembre.
Quand bien même l'appel du CIGC serait entendu, personne ne se fait d'illusion. Tant que le Gaec ne sera pas pris en faute, la coopérative sera obligée d'acheter son lait comme lait à comté. La faute, ce pourrait être l'absence de « trayeur », synonyme de libre-service, pendant les deux heures que dure la traite des 45 laitières avec les deux stalles. Mais encore faudrait-il un organisme de contrôle très réactif. Le Gaec a bien été l'objet d'un contrôle début juillet, mais sans suite. Les contrôles sanitaires (germes, butyriques, lipolyse) conduits n'ont rien révélé d'anormal.Face à cette situation qui risque fort de durer, certains réfléchissent à la façon de soutenir le combat que mène, pour la filière, la coopérative de Pierrefontaine-les-Varans. Mais les espaces sont restreints. Une cotisation prélevée sur les 600 Ml de lait à comté, soit 0,13 €/1 000 l, pour les 80 000 € de manque à gagner ? Mais cette initiative ne risque-t-elle pas d'être attaquée en justice ? Et si tous les affineurs exigeaient de leurs fournisseurs du comté issu de lait trait sans robot, les coopératives pourraient revoir leur règlement intérieur et couper l'herbe sous le pied à d'autres individualistes. La seule solution qui, en vérité, comblera ce vide juridique sera de réécrire le cahier des charges, en y inscrivant l'interdiction du robot. Mais elle demandera des années pour aboutir
JEAN-MICHEL VOCORET
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