Après s'être retiré de la transformation il y a une vingtaine d'années, le distributeur Casino réinvestit dans l'amont. En 2015, le groupe stéphanois avait racheté à Terrena une usine de découpe et de transformation de volailles dans la Sarthe (marque Gastronome). En septembre dernier, le distributeur a repris 90 % du capital de l'Entreprise laitière de Sauvain (Loire), transformant environ 4,8 millions de litres de lait et productrice de 350 t de fromages, dont la moitié en AOP fourme de Montbrison sous la marque Tarit. L'outil avait été racheté fin 2012 par le fromager Éric Soubeyrand. Quelles que soient les motivations du distributeur (meilleure connaissance des coûts de production industrielle, plus grande autonomie pour développer et gérer les produits sous marque de distributeur), la démarche de Casino est jugée positivement par les vingt-trois producteurs des monts du Forez qui livrent leur lait à la fromagerie.
295,84 €/1 000 l payés en juillet
« Casino a réinjecté du capital dans l'entreprise et a mis fin au retard de paiement des fiches de lait (jusqu'à deux mois et demi à certaines périodes) », souligne Stéphane Joandel, éleveur dans le secteur et responsable syndical FDSEA. Le rachat de la fromagerie apporte enfin un peu de visibilité aux producteurs. Ces derniers en ont cruellement manqué ces huit dernières années. Après le démantèlement de l'URCVL (Union régionale des coopératives de vente de lait de Rhône-Alpes) en 2010, l'entreprise a changé de main deux fois (1) et vécu une liquidation judiciaire en 2012. Alors qu'une partie du litrage avait été reprise par Sodiaal, les éleveurs restants avaient dû prendre en charge la collecte et la vente de leur lait (en Italie). En 2013, ils avaient créé avec Casino une filière lait UHT des monts du Forez, 1,5 Ml embouteillés dans le Loiret par la LSDH (Laiterie de Saint-Denis-de-l'Hôtel).
« Sans ces liens préétablis, le groupe Casino ne serait pas venu sur le dossier l'an passé et on aurait vécu un nouveau redressement judiciaire. Des producteurs auraient alors baissé les bras. » En juillet dernier, le lait a été payé 295,84 € (contre 304 €/1 000 litres en juin). Ce montant, calculé à partir d'un prix de base de 305 € diminué de 19,22 € (indicateur Cniel F1) et de 24,49 € (tunnel France-Allemagne), tient compte en partie du coût de production des exploitations (360 €/1 000 litres).
Les chiffres sont actualisés tous les mois lors d'une rencontre producteurs-fromagerie. Soulagés d'avoir retrouvé une sécurité et une stabilité dans la collecte de leur lait, les éleveurs auraient espéré un niveau de rémunération supérieur. « Dans notre région difficile, il faudrait atteindre au minimum 320 €/1 000 litres. Je pensais qu'avec les indicateurs intégrés dans le calcul du prix du lait, nous ne tomberions pas sous les 300 € », déplore Stéphane Joandel.
ANNE BRÉHIER
(1) Jean-Pierre Durris en 2010, puis Éric Soubeyrand fin 2012.
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