Alors que la crise perdure depuis deux ans, tirant le prix du lait dans les abysses, les mois de discussions nécessaires à la validation du plan européen de réduction volontaire de la production en disent long sur ce qu'il n'est pas : l'émergence d'une vraie politique de maîtrise qui anticipe les crises. Pour cela, il faudra une révolution à Bruxelles renvoyant les adeptes du libéralisme au placard. Tout au plus peut-on en espérer, si les éleveurs européens adhèrent à ce plan, que cela donne des éléments tangibles à ceux qui militent pour, à l'avenir, réguler en cas de crise.
Pas sûr néanmoins qu'il ait du succès. Alors que la collecte européenne commence à refluer et que le marché donne des signes de reprise, les producteurs ont-ils intérêt à mettre le pied sur le frein ? Peut-être en diminuant les concentrés, mais pas en cassant des vaches plus que nécessaire. Intéressant à ce propos le résultat du sondage (lire ci-dessus) d'Agro-Distribution auprès de producteurs français.
Les producteurs devront être réactifs et pugnaces
Si on peut regretter que ce plan arrive trop tard, pas question de le bouder. Il est une vraie opportunité pour soulager un peu les trésoreries en berne. Il serait notamment dommage de passer à côté pour ceux dont la production serait en retrait par rapport à l'an dernier. Sont potentiellement en jeu, pour chaque litre non produit, 144,20 €/1 000 litres de l'enveloppe européenne de 150 ME, auxquels s'ajouteront, pour les premiers 5 % de réduction, 103 € de l'enveloppe nationale. Soit au total 247,20 €/1 000 l (144,20 € au-delà des 5 % de réduction). Mais pour les toucher, les producteurs devront être très réactifs et pugnaces. Ce sera à eux d'en faire la demande auprès de FranceAgriMer via une téléprocédure. Ils pourront la déléguer à une organisation de producteurs ou à une coopérative, mais elles resteront individuelles. Pas question donc de rêver à une quelconque mutualisation au sein d'une OP. La réduction se jugera par rapport à l'an dernier sur quatre périodes possibles de trois mois jusqu'en mars, la première intervenant d'octobre à décembre pour les demandes faites avant le 21 septembre.
Les premiers arrivés seront les premiers servis
Mais encore faudra-t-il que les 150 M€ alloués par Bruxelles pour tous les pays ne soient pas mangés dès la première « souscription ». Car le plan fonctionne sur le principe du premier arrivé, premier servi. Les Néerlandais, dont le cheptel laitier devra être réajusté pour être en phase avec la contrainte phosphore qui se dessine pour eux, pourraient être des candidats sérieux. Plus encore les Anglais, dont la production fléchit nettement. Il y a donc urgence pour les producteurs français intéressés à se faire connaître.
Ces demandes transmises à Bruxelles, le producteur se verra notifier la réduction retenue le 30 septembre pour la période d'octobre à décembre. Charge à lui (l'OP ou la coop), pour se faire payer, d'envoyer à l'administration dans les 45 jours suivant la fin de la période, les copies de ses factures de lait comme justificatifs, pour un paiement au pire dans les 45 jours. Soit fin mars pour la période n°1. Une aide à la réduction de l'offre, ça se mérite...
JEAN-MICHEL VOCORET
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