Graindorge agrandit le plateau de Lactalis

L'entreprise Graindorge est le numéro un sur le marché des fromages sous appellation livarot et pont-l'évêque, Ici, un atelier de fabrication de livarots.© ERIC BERACASSA
L'entreprise Graindorge est le numéro un sur le marché des fromages sous appellation livarot et pont-l'évêque, Ici, un atelier de fabrication de livarots.© ERIC BERACASSA (©)

Lactalis vient d'acquérir l'entreprise Graindorge. Il devient le leader des appellations d'origine protégée normandes.

Dans la campagne normande, c'est un coup de tonnerre. Le 6 juin, Thierry Graindorge, PDG de l'entreprise Graindorge (Calvados) annonce qu'elle est rachetée par le groupe Lactalis. Au coeur du Pays d'Auge, c'est la fin d'une saga familiale qui a démarré avec le grand-père Eugène en 1910. Elle a fait sa renommée sur les fromages à pâtes molles livarot, pont-l'évêque et camembert sous appellation d'origine protégée (AOP). Elle collecte aujourd'hui 48 millions de litres auprès de 112 producteurs, dont 42 Ml potentiellement transformables en AOP sur trois sites.

Depuis plusieurs années, elle développe aussi le neufchâtel après la reprise de la Fromagerie du Pays de Bray (Seine-Maritime) à la coopérative CLHN. Cette dernière collecte pour elle 5 Ml. « Sans successeur, j'ai obtenu la garantie que les trois sites soient maintenus, les emplois des salariés préservés et que le contrat-cadre, signé le 14 mars avec l'organisation des producteurs pour cinq ans soit poursuivi », déclare celui qui s'est opposé ces dernières années à Lactalis sur le lait cru et l'étiquetage des camemberts.

Par ce rachat, Lactalis devient le leader des AOP pont-l'évêque et livarot qui ont vendu l'an passé respectivement 2 228 et 984 tonnes (en recul de 3 à 5 % par rapport à 2014). Surtout, le mayennais redore son blason dans le camembert de Normandie. Il est désormais au coude à coude avec le leader Gillot. La guerre du lait cru avait divisé par plus de deux les volumes de l'appellation (5 015 tonnes en 2015, contre 13 000 t en 2008), à la suite de la fermeture de son site Lepetit et à la thermisation du lait destiné à la marque Lanquetot. Il garde depuis un pied avec ses marques Jort et Moulin de Carel fabriquées dans des ateliers plus adaptés à la gestion du lait cru. « L'objectif est de conserver les sites actuels de Graindorge et Lactalis avec leur zone de collecte qui leur est propre, précise Bruno Lefevre, le Monsieur AOP normandes de Lactalis. Fabriquer du camembert au lait cru dans de grands ateliers est ingérable. » Si l'expérience de Lactalis dans les AOP et le lait cru rassure, son nouveau leadership suscite aussi quelques craintes. Jouera-t-il en solo en privilégiant ses marques plutôt que le dynamisme collectif, bien réel aujourd'hui après vingt ans de construction ? « Lactalis a réaffirmé sa volonté de participer à la politique de développement et de promotion de la filière », indique Charles Deparis, président de l'association des trois AOP.

Une prime conjoncturelle de 15 € aux livreurs Lactalis

Autre signe de bonne volonté, cette fois-ci envers ses actuels 240 livreurs en AOP : un premier pas vers une déconnexion du marché conventionnel, réclamée par l'Union des producteurs AOP bas-normands et relayée par l'Organisation des producteurs Lactalis AOP. Le 1er mars, le groupe a ajouté au prix de base une prime conjoncturelle de 15 €/1 000 l liée aux résultats de germes pathogènes. L'OP demande qu'elle soit montée à 30 €. De plus, la prime AOP vient d'être augmentée de 45 à 50 €/1 000 l.

CLAIRE HUE

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

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