Ambiance studieuse, le 5 avril à Guilberville dans la Manche, première étape des six rencontres organisées dans l'Ouest par les deux OP France Milk Board (FMB) Grand Ouest et Normandie. On est bien loin de l'ambiance électrique qui dominait à 60 km de là en 2009. Mille cinq cents producteurs s'étaient retrouvés en juin à Saint-Hilaire-du-Harcouët, prémice de la grève du lait trois mois plus tard.
Parmi les 90 éleveurs présents à Guilberville, des « aplistes » de la première heure qui s'avouent aujourd'hui désabusés ou découragés. « Tant d'énergie dépensée pour être de nouveau en crise, confient-ils. Nous sommes sans solution. Cela ne sert à rien de diminuer notre production si les pays voisins ne le font pas. »
Les leaders de France Milk Board ne baissent pas pour autant les bras. Même si, à elles deux, FMB Grand Ouest et Normandie n'enregistrent que 550 adhérents et ne négocient qu'avec quatre entreprises dont Lactalis et Savencia, elles restent persuadées de la pertinence de leur organisation transversale. « Les industriels mettent en concurrence les OP verticales », constate Guillaume Martel, président de FMB Normandie, en pointant surtout Lactalis.
Un appel du pied aux organisations verticales
« La transversalité vise à éviter ce piège, mais suppose l'adhésion de beaucoup plus de producteurs et de négocier avec plus de laiteries. »
La France compte 55 OP à 90 % verticales, pour 4,6 md de litres et 40 % de la collecte privée. « Leurs forces sont dispersées. Ensemble, elles doivent trouver des solutions pour réduire leur nombre, quitte à mettre de côté certaines divergences syndicales. Sinon, les laiteries vont définitivement prendre le pouvoir sur les volumes et donc sur les prix. »
Une analyse partagée par les trois collègues allemand, belge et danois venus soutenir le tour de l'Ouest des deux FMB. Dans leur pays, ils se heurtent à la prédominance des coopératives. « Elles collent la production à leur capacité industrielle sans lien avec le marché », dénonce le Belge Alain Minet, en faisant allusion à Milkobel.
Un droit de regard sur la stratégie des coopératives
Il représente la toute nouvelle OP Wafab (350 producteurs) dont l'un des buts est un droit de regard sur leur conseil d'administration. « Les coop font leur business et nous sommes impuissants », renchérit Axel Walterschen, de l'association d'OP bavaroise Meg Bayern (1 100 producteurs). « Les coopérateurs allemands connaissent le prix de leur lait après l'avoir livré. C'est contre toutes les règles de la concurrence », poursuit-il. Lui comme d'autres en Allemagne (L'Éleveur laitier n° 244, p. 14) demandent des contrats obligatoires et la suppression de l'obligation de livraison.
« Les producteurs doivent avoir la mainmise sur les volumes, affirment ensemble les trois responsables allemand, belge et français. Il faut pour cela dépasser nos périmètres nationaux et créer une OP transfrontalière. À nous de nous structurer et de définir des règles de vente communes. » Selon la réglementation européenne, c'est possible. Il ne reste plus qu'à se lancer.
CLAIRE HUE
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