EFFICACITÉ DE LA RATION : LE NON-ALIMENTAIRE PEUT FAIRE LA DIFFÉRENCE

Le nombre de stalles disponibles est primordial. En effet, l'animal qui veut se coucher et ne le peut pas, va mal ruminer. De plus, il va chercher une autre place et donc consommer de l'énergie qu'il aurait pu consacrer à produire du lait.© CLAUDIUS THIRIET
Le nombre de stalles disponibles est primordial. En effet, l'animal qui veut se coucher et ne le peut pas, va mal ruminer. De plus, il va chercher une autre place et donc consommer de l'énergie qu'il aurait pu consacrer à produire du lait.© CLAUDIUS THIRIET (©)

Les facteurs non-alimentaires, comme le confort des logettes et la disponibilité de l'aliment... peuvent expliquer jusqu'à 13 kg de lait en plus par vache entre deux troupeaux recevant la même ration.

DIFFICILE POUR LES MODÈLES THÉORIQUES qui calculent le besoin alimentaire « idéal » des animaux d'intégrer toute la réalité de l'élevage. Ces modèles partent en effet de l'hypothèse que chaque vache laitière accède ad libitum aux aliments et à une eau de bonne qualité, et qu'elle bénéficie de conditions d'élevage sèches et propres. « Certains modèles ajustent les apports d'entretien aux conditions environnementales. Par exemple, le modèle américain du NRC (National Research Council) augmente les besoins en énergie de 10 % pour les animaux en stabulation libre par rapport aux animaux à l'attache, et souligne que des ajustements doivent être envisagés pour les animaux subissant des stress », explique Alex Bach, chercheur en nutrition animale à l'Irta de Barcelone (Institut de recherche et de technologie agroalimentaire). « Les performances des troupeaux sont influencées par de nombreux facteurs, dont la nutrition et la génétique. Mais le mode de gestion du troupeau et l'environnement dans lequel les animaux évoluent influencent aussi les résultats et leur impact est moins bien connu. »

L'ÂGE AU PREMIER VÊLAGE, L'UN DES FACTEURS CLÉS

L'âge au premier vêlage est ainsi un facteur clé connu : les génisses vêlant à 24-25 mois produisent plus de lait par jour que celles qui vêlent plus tard (jusqu'à 10 % entre un vêlage à 25 mois et un à 30 mois).

Pour tenter de mieux cerner ce sujet, notamment d'identifier et de hiérarchiser tous ces facteurs environnementaux jouant sur l'efficacité alimentaire, Alex Bach a mené un essai original. Il a suivi (lait/vache, TP et TB) quarante-sept élevages du nord de l'Espagne (3 130 vaches en lactation, 23 à 232 vaches laitières par exploitation) de génétique similaire. Particularité de ces troupeaux laitiers localisés dans un rayon de 50 km : recevoir chaque jour la même ration complète concoctée par un fabricant d'aliment, comme c'est l'usage en Espagne.

Principale conclusion : la variabilité entre les élevages peut aller jusqu'à 13 kg de lait par jour de plus entre les meilleurs et les moins bons. « Les facteurs qui ont le plus d'influence surles troupeaux sont d'abord le nombre de stalles disponibles par vache. En effet, un animal qui veut se coucher et ne le peut pas, va mal ruminer, bouger pour trouver une autre place et donc consommer de l'énergie qu'il aurait pu consacrer à la production laitière… En seconde position, je placerais les conditions d'élevage des animaux, notamment le taux de croissance des veaux durant leurs deux premiers mois et l'âge au premier vêlage. En troisième place vient la gestion de la table d'alimentation, car il faut s'assurer que les animaux ont toujoursde l'aliment devant eux quand ils veulent manger. Ces trois facteurs expliquent plus de la moitié des variations observées entre les élevages. » Difficile cependant pour Alex Bach de chiffrer précisément l'impact de chaque facteur pris indépendamment. Le confort des animaux est donc essentiel. Si les vaches ne disposent pas d'une stalle libre quand elles veulent se coucher, elles dépensent plus d'énergie pour se déplacer, réduisent leur temps d'alimentation, se reposent moins et donc ruminent moins. « Une densitéforte d'animaux dégrade clairement la production laitière », résume Alex Bach. Son équipe a montré que des stalles de logettes trop hautes (plus de 25 cm de marche) constituaient également une gène, les animaux ayant tendance à glisser, cherchant donc moins à monter pour aller se coucher et ruminer.

Autre observation qui n'étonnera personne : durant la lactation, la consommation d'aliments est directement liée à la production laitière, les animaux répondant bien à l'augmentation de nourriture à leur disposition. « Nous avons constaté que les élevages distribuant assez d'aliments pour qu'il en reste le lendemain matin tendent à produire plus que les autres. En revanche, nous n'avons noté aucun lien entre la longueur disponible par animal pour l'accès à la table d'alimentation et la production laitière. En moyenne, dans les 47 élevages, chaque animal dispose de 69 cm d'accès, 20 % des élevages disposant de moins de 50 cm par vache. Une étude de 2001 avait conclu que la longueur critique était en fait de 20 cm », commente le chercheur.

REPOUSSER L'ALIMENT DEUX FOIS PAR JOUR

Les animaux semblent attendre leur tour, pour autant que de l'aliment soit toujours à leur disposition. En effet, l'étude espagnole montre que repousser l'aliment pour le mettre à disposition des vaches durant la journée a un effet positif sur la production laitière. Il ne s'agit pas de repousser l'aliment quatre fois par jour, mais en moyenne deux fois par jour. L'essentiel est de s'assurer que les animaux ont toujours de l'aliment à disposition.

Le chercheur a étudié de nombreux autres paramètres. Ainsi confirme-t-il que le parage durant le tarissement contribue à la longévité des animaux dans le troupeau. Le parage systématique entre donc dans une bonne gestion de l'élevage. Par ailleurs, même si la qualité de l'eau utilisée dans les différents élevages est généralement bonne, ceux qui disposent d'une eau riche en calcium ont davantage de problèmes d'infertilité que les autres.

Le calcium pourrait avoir un effet négatif sur la flore bactérienne.

YANNE BOLOH

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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