Des excédents de pommes de terre importants autorisent des prix très abordables pour ce coproduit riche en énergie. Mais son utilisation nécessite quelques précautions, surtout associée avec de l'ensilage de maïs déjà bien pourvu en amidon.
RENDEMENTS RECORD, SURFACES EMBLAVÉES IMPORTANTES, EMBARGO RUSSE : la filière de la pomme de terre connaît une crise de surproduction importante, donc des prix faibles. Dans ce contexte, les « patatiers » sont preneurs de tous les débouchés possibles et l'alimentation animale en est un. On parle ici d'écarts de tri (calibre et forme) refusés pour la consommation humaine, mais aussi d'excédents qui ne trouvent pas d'acheteurs.
De manière générale, la pomme de terre est disponible toute l'année avec des déstockages quasi continus. Il y a dès aujourd'hui des opportunités de prix très intéressantes pour les éleveurs de bovins afin de compléter la ration de leurs animaux. La pomme de terre est un aliment à haute valeur énergétique (1,20 UFL) car très riche en amidon (plus de 60 %), mais pauvre en protéines (60 PDIN et 100 PDIE), en cellulose (2,5 %), en fibres et en matière sèche (20 %).
15 À 20 KG BRUTS PAR VACHE AU MAXIMUM
Cette caractéristique peut freiner son utilisation dans les rations pour vaches laitières avec ensilage de maïs en plat unique. Difficile dans ce cas d'incorporer de la pomme de terre sans dépasser le seuil dangereux des 25-28 % d'amidon dans la ration totale, au-delà duquel le risque d'acidose est trop élevé. C'est d'autant plus vrai cette année avec des maïs qui, à eux seuls, peuvent dépasser les 30 % d'amidon. La pomme de terre trouvera davantage sa place dans les rations mixtes ensilage herbe-maïs, avec une distribution en mélange entre 15 et 20 kg bruts (3-4 kg de matière sèche) par vache au maximum, ceci pour économiser du concentré énergétique. Elle est surtout complémentaire de l'ensilage d'herbe et certains éleveurs l'incorporent avec succès, par couches successives, au moment de la confection du silo. La fermentation de l'herbe agit comme une cuisson sur les tubercules, stabilisant l'ensemble pour un fourrage très enrichi en UFL. Cette incorporation directe dans le silo nécessite des pommes de terre lavées, de façon à limiter le risque butyrique. Pour un stockage à plat et une distribution en mélange avec d'autres fourrages, disposer de pommes de terre lavées n'est pas nécessaire, mais il faudra quand même un produit relativement propre qui n'amène pas de terre dans l'auge. En hiver, à l'abri de la lumière et du gel, sous une bâche aérée ou sous un couvert de paille, les tubercules entiers peuvent se conserver plusieurs semaines.
ÉVITER LES RISQUES D'ÉTRANGLEMENT
Mais l'usage des pommes de terre dans la ration nécessite quelques précautions : ne pas les distribuer seules, car le produit est très appétent et les vaches se jettent dessus. Le blocage au cornadis des animaux est recommandé avec une auge basse et, si possible, en éclatant les plus gros tubercules avec les couteaux de la mélangeuse de façon à éviter le risque d'étranglement. Une transition de trois semaines s'impose lors du changement de ration. La pomme de terre est riche en potassium, elle est donc très laxative. Il faudra surveiller le transit, apporter suffisamment de fibres et, au besoin, limiter les quantités apportées.
AVEC UN PRIX LIVRÉ ENTRE 20 ET 30 €/T, AUCUN RISQUE ÉCONOMIQUE
À quel prix sont disponibles ces pommes de terre pour l'alimentation animale ? Le négociant Margaron, spécialiste des coproduits, contacté début octobre, donne une fourchette entre 20 et 30 €/tonne, livraison par 30 tonnes, et selon la distance de transport. Un prix loin de satisfaire les producteurs qui espèrent un minimum de 40 €/t. Dans une ration ensilage de maïs (14 kg de MS à 150 €/t) et foin de prairie (2 kg de MS à 120 €/t), avec une complémentation à base de blé (155 €/t brute) et de tourteau de colza (245 €/ t brute), le prix d'intérêt de la pomme de terre se situe à 36 €/t et l'optimum économique correspond à un apport de 1,5 kg de MS, soit environ 8 kg bruts de pommes de terre. À moins de 30 €/t, ce qui semble être les prix d'approche de cette année, un apport de 3 kg de MS (15 kg bruts) sera intéressant économiquement pour un éleveur laitier. Près des bassins de production de pommes de terre : Picardie, Beauce, Champagne Ardenne, les tubercules de retrait se négocieraient à moins de 15 €/t.
DOMINIQUE GRÉMY
La pomme de terre est très appétente mais aussi très laxative. Attention aussi à ne pas dépasser les seuils de 25-28% d'amidon total dans la ration.
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