
Avec un robot de traite saturé, Sylvain Renault se donne les moyens de maintenir le pâturage pour son troupeau durant six mois. Il réduit alors de moitié la ration à l'auge, et assure une bonne valorisation de son herbe à près de 6 tonnes de MS/ha.
DIX-HUIT HEURES : SYLVAIN RENAULT RAMÈNE CHAQUE JOUR PLUSIEURS LAITIÈRES retardataires, restées au pâturage, jusqu'à leur bâtiment. Mais il ne va pas les traire. Il a délégué cette tâche à un robot depuis avril 2012. Sa mère a alors quitté le Gaec pour prendre sa retraite, d'où le choix d'installer l'automate. L'arrivée de celui-ci dans la stabulation à logettes existante n'a toutefois pas mis fin au système pâturant de l'exploitation, comme c'est fréquemment le cas dans les élevages qui passent au robot.
« À sa mise en place, c'était clair : je voulais continuer à faire pâturer le troupeau, explique l'éleveur. Car je dispose de 22 ha de prairies très accessibles, en un bloc autour du bâtiment, permettant le pâturage libre. Je complémente certes plus tôt et davantage à l'auge depuis 2012. Mais l'herbe pâturée coûte moins cher que celle que l'on doit récolter ! » Membre depuis 1997 des Réseaux d'élevage, il est attentif à ses charges.
Lorsque le robot arrive il y a deux ans, Sylvain conduit 45 vaches produisant 470 000 l. Sur 29 ha de prairies dont elles disposaient jusque-là pour pâturer, l'éleveur doit abandonner 7 ha accessibles qu'à condition de traverser une route. Ils sont donc réattribués aux bovins viande. La prairie de 22 ha autour du bâtiment est dès lors laissée au pâturage libre des vaches laitières.
« JE DOIS INTERVENIR DAVANTAGE »
« La première année, quand elles étaient une cinquantaine, je n'allais jamais les chercher en pâture, constate-t-il. Mais avec 70 vaches aujourd'hui, le robot se trouve saturé et je dois intervenir davantage. Toutefois, comme j'alimente le matin, je n'ai que deux ou trois vaches à aller chercher à ce moment-là. »
En journée, les laitières sont motivées à revenir au bâtiment par le concentré délivré au robot, mais aussi parce que l'alimentation à l'auge est régulièrement repoussée par un robot repousse-fourrage. « C'est un point clé pour les attirer : elles viennent à l'auge, boivent (elles n'ont de l'eau au pré qu'en été), puis vont à la traite. J'ai constaté le rôle clé du repousse-fourrage, car il est tombé en panne durant quatre jours : la fréquentation est devenue catastrophique ! », relate l'agriculteur. Il arrive aujourd'hui à une moyenne de 2,2 traites par jour. « Cela reste un repère. Je ne me suis jamais attaché à ce critère de fréquentation, puisque je tiens avant tout au pâturage. » Celui-ci débute tôt en saison. « J'ai mis le troupeau à l'herbe le 3 mars en 2013, le 16 cette année, situe l'éleveur. Le pâturage se limite à la journée durant les quinze premiers jours. Il y a peu d'herbe à consommer, mais c'est très positif pour la santé des animaux, les pattes... » Ensuite, pour toute la saison de pâture, deux plages horaires quotidiennes de sortie des vaches sont déterminées via le robot. Pour accéder au pré, le passage par l'automate est alors obligatoire. Et durant les quatre heures restantes le matin et le soir, les laitières sont bloquées au bâtiment. « L'accroissement du troupeau a nécessité de passer l'horaire de retour au bâtiment de 17 h à 15 h, note Sylvain Renault. Et les critères de restriction d'accès au robot ont été réajustés. Il faut rester vigilant. » Point important, il a aussi revu sa période de vêlages, qui était concentrée entre août et mars avant le passage au robot. « Je m'arrange dorénavant pour maintenir un effectif constant à 70 vaches traites, en étalant les vêlages toute l'année. »
« MIEUX GÉRER LA CONSOMMATION DES CONCENTRÉS »
Pour la gestion des 22 ha, la principale modification concerne le semis de 5 ha en prairies temporaires en 2013, puis 3 ha cette année. « Afin d'avoir des surfaces bien appréciées, donc bien consommées par les vaches, je compte sursemer ou mettre en temporaires quelques hectares chaque année. » La fertilisation consiste en un apport de lisier en hiver, puis 30 unités d'azote au printemps, complétées sur la partie ensilée de 30 unités supplémentaires. « Le chargement débute à 18 ares/VL. Je complémente alors à l'auge avec 5 kg de MS d'ensilage de maïs et d'herbe, soit environ un tiers de la quantité totale de foin et maïs distribués en hiver. Je diminue ensuite, après ensilage de 6-7 ha, le chargement jusqu'à 30 ares/VL, avec une fauche régulière des refus. Environ une demi-ration de foin et maïs vient en complément. » La ration hivernale qui sert de référence se compose, en matière sèche, de 11 kg de maïs, 2 kg d'ensilage d'herbe, 1,5 kg de foin de luzerne, 300 g de foin de prairie, 2,5 kg de drèches de brasserie, 500 g de céréales et 800 g de tourteaux de colza. Quant au concentré distribué au robot, il s'agit de 1 kg de correcteur et 2 kg d'aliment VL. Depuis cette année, cet aliment est utilisé en remplacement des 2 kg de céréales utilisés précédemment afin « de produire plus avec le même effectif et de permettre une ingestion plus rapide au robot ». Constatant une augmentation des concentrés depuis 2012, Sylvain Renault compte bien parvenir « à mieux gérer ce poste ». Et s'il doit augmenter sa production, il ne souhaite pas complémenter davantage : il augmentera plutôt l'effectif et installera une deuxième stalle de robot. Pour l'heure, il envisage surtout de découper sa prairie en six blocs. Ceci pour mieux gérer la pâture et récupérer plus facilement les vaches le soir, « car j'y vais à pied et sans chien ! », précise-t-il. Il tient de toute façon à garder cette organisation : « J'économise sur la ration distribuée et en plus, en allant ainsi chercher les animaux au pré, je détecte des boiteries, des chaleurs..., plus facilement que lorsqu'ils sont tous ensemble dans le bâtiment ! »
CATHERINE REGNARD
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