
Selon une expérimentation menée dans le Morbihan, semer la luzerne en association avec d'autres espèces permet de réduire le salissement, tout en augmentant le rendement, surtout en semis de printemps avec du trèfle violet.
LA LUZERNE EST UNE CULTURE TRÈS PRISÉE PAR LES ÉLEVEURS EN QUÊTE D'AUTONOMIE protéique sur leur élevage. Mais l'implantation est assez délicate. La luzerne talle peu et peine à couvrir le sol si la densité est insuffisante. Le manque de plants ne se rattrape jamais. Et s'il reste des espaces entre les plants, les adventices peuvent rapidement prendre le dessus. Or, la luzerne est très sensible à la concurrence. Pour réduire les risques de salissement, il peut être judicieux d'associer la luzerne à une autre espèce. Cela doit permettre aussi d'augmenter le rendement de la parcelle alors que la luzerne produit peu en première année.
C'est ce qui a été expérimenté sur la station des chambres d'agriculture de Bretagne à Mauron (Morbihan). L'autre objectif de cet essai était de réduire, voire de supprimer le désherbage. Les ingénieurs ont testé les mélanges en semis d'automne et de printemps. Ils ont associé la luzerne à des espèces couvrantes et non pérennes : de l'avoine de printemps, de l'orge, du trèfle incarnat, ou du trèfle violet. Ces mélanges ont été comparés à de la luzerne pure. L'expérimentation a été lancée à l'automne 2014. En semis d'automne, les espèces associées peuvent aussi protéger la luzerne des grands froids. Les premières conclusions montrent que les parcelles semées au printemps restent nettement plus propres. Les adventices représentent 41 % de la production à l'automne, contre 12 % pour les semis de printemps. L'association avec de l'orge ou de l'avoine permet de réduire sensiblement le salissement en semis d'automne.
Mais ces espèces prennent le dessus sur la luzerne, qui ne représente plus que 10 % du fourrage à la première coupe. On retrouve cet effet bénéfique sur le pâlissement en semis de printemps, mais avec une concurrence moins marquée vis-à-vis de la luzerne.
L'association avec du trèfle violet se comporte très différemment. Le mélange comprend 6 kg de trèfle pour 22 de luzerne. Mais la concurrence est vive à l'automne, le trèfle domine très largement. Cette tendance s'atténue au printemps avec une proportion de 30 % de trèfle. Quant au rendement, la moyenne atteint 7,3 t de MS en semis d'automne avec quatre cycles de récolte. Elle est moindre au printemps, 4,5 t de MS, avec une coupe de moins. Cependant, si l'on inclut la récolte du ray-grass italien semé en dérobée auparavant, elle monte à 8,5 t de MS en semis de printemps. Les associations se révèlent plus productives que la luzerne seule qui produit 6 t en semis d'automne. Pour les deux périodes de semis, l'association avec du trèfle violet dégage le meilleur rendement. Mais la coupe d'automne ne comprend quasi que du trèfle.
DES ESSAIS SOUS D'AUTRES CLIMATS SONT EN COURS
Ces résultats montrent que dans les conditions de cette ferme située en centre de la Bretagne, les parcelles de luzerne restent plus facilement propres, même sans désherbage, en semis de printemps par rapport au semis d'automne. Faire l'impasse sur le désherbage se révèle risqué en semis d'automne. L'association avec du trèfle violet est la plus intéressante en matière de rendement : le semis de printemps derrière une dérobée de type RGI permet de l'améliorer.
L'expérimentation se poursuit. Ces résultats devront être confirmés sur plusieurs années. En 2014, les parcelles ont souffert d'un mois de septembre très sec. Cette année, des prairies associant la luzerne à d'autres espèces ont été implantées sur d'autres sites (Mayenne, Loire-Atlantique, Vendée) afin d'étudier leur comportement sous d'autres climats.
PASCALE LE CANN
« J’ai opté pour un système très simple car c’est rentable »
Réformer ou garder ? 26 éleveurs dévoilent leur stratégie de renouvellement
Le vêlage 2 ans n’impacte pas la productivité de carrière des vaches laitières
FCO : le Grand Ouest en première ligne
« J’ai gagné presque un mois d’IVV grâce aux colliers de détection de chaleur »
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Pourquoi la proposition de budget de l’UE inquiète le monde agricole
Matériel, charges, prix... Dix agriculteurs parlent machinisme sans tabou
Quelles implications environnementales de la proposition de l’UE pour la Pac ?