
Le constat des nutritionnistes est accablant : ce sont des milliers d'UF qui ne sont pas valorisées du fait d'un réglage insuffisant de l'éclateur sur l'ensileuse.
L'ÉCLATEMENT DES GRAINS EST ESSENTIEL à une bonne digestibilité de l'ensilage de maïs. Dans l'idéal, il s'agit de réaliser le meilleur compromis entre l'amidon digéré dans le rumen, l'amidon « by-pass » absorbé dans l'intestin grêle, et de minimiser l'amidon qui se perd dans les bouses (surnommé l'amidon « bye-bye »). Terminé l'époque où l'éleveur pouvait se contenter de grains seulement « ébréchés » par l'ensileuse. Aujourd'hui, les vaches laitières hautes productrices ingèrent de grandes quantités de fourrages avec un transit digestif beaucoup plus rapide, donc une moindre digestibilité ruminale par une baisse du temps de séjour dans la panse. L'amidon « by-pass » peut être en excès et se perdre.
Autre élément défavorable : l'augmentation des longueurs de coupe de l'ensilage maïs, souvent recommandée par les nutritionnistes à plus de 16 mm, mais qui conduit à un moindre éclatement des grains si l'éclateur n'est pas assez serré. « Un grain suffisamment éclaté doit être coupé en quatre ou cinq morceaux, et pour des ensilages secs à plus de 35 % de matière sèche, le grain devrait même être pulvérisé. C'est d'autant plus important que les hybrides d'aujourd'hui possèdent un bon stay-green. Au moment de la récolte, les feuilles sont encore vertes alors que les grains peuvent être très mûrs », note Yann Martinot, directeur technique d'Orne Conseil Élevage. L'an passé, il a fait réaliser 78 mesures sur des ensilages de maïs ornais à l'aide de tamis : seuls 10 à 15 % des silos présentaient des grains correctement éclatés. « C'est un vrai problème car l'objectif est d'obtenir au moins 70 % des grains coupés en quatre. En moyenne, nous étions à 52 % des grains correctement éclatés dans ces ensilages. Cela génère une perte équivalant de un à deux kilos de maïs grain. »
La solution passe par le réglage des éclateurs sur l'ensileuse. L'éleveur doit imposer des rouleaux serrés à 2-3 mm, voire moins pour des maïs à plus de 35 % de MS (1 à 2 mm), même si le débit de chantier doit être affecté. Mais comment s'assurer le jour de l'ensilage que la machine travaille correctement ? Vérifier la qualité de l'éclatement des grains directement dans le fourrage n'est guère fiable et l'usage des tamis n'est pas envisageable en plein chantier. Yann Martinot propose une méthode simple et rapide qui repose sur la différence de flottabilité entre les grains et les parties végétales. Mettez deux à trois poignées d'ensilage dans un seau d'eau. À plus de 30 % de matière sèche, tiges et feuilles vont surnager et les fractions de grains se déposer au fond. L'observation visuelle sera beaucoup plus fiable. Si vous trouvez au moins un grain entier, l'éclateur de l'ensileuse doit être mieux réglé. « Cette maîtrise de l'éclatement des grains est particulièrement importante pour les premières rations à base de maïs ensilage dans les semaines qui suivent l'ouverture du silo. Plus tard dans l'hiver, les grains ont tendance à se ramollir et deviennent plus digestibles. Mais quand je vois des grains dans les bouses au mois de mars avec une ration correctement équilibrée, c'est qu'il y a eu un gros problème à la récolte. » L'amidon dans les bouses ne devrait pas dépasser la barre des 2 %, mais les analyses montrent souvent des niveaux très supérieurs à 4 %, voire 10 %, sans pour autant discerner des grains dans les bouses.
DOMINIQUE GRÉMY AVEC ORNE CONSEIL ÉLEVAGE
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