
Une expérimentation démontre qu'il est possible de remplacer tout ou partie du tourteau de colza par ce coproduit issu des agrocarburants
LE DÉVELOPPEMENT DES AGROCARBURANTS génère des disponibilités en coproduits. Ainsi la drêche de blé est issue de la transformation du blé en bioéthanol. La drêche de blé déshydratée est déjà présente dans les aliments composés, associée à d'autres matières premières comme les tourteaux, les céréales, la luzerne ou encore la pulpe de betterave. Mais elle est peu utilisée en direct comme complément azoté dans la ration des bovins. Son apport de protéines d'origine 100 % française et sans OGM est une alternative intéressante au tourteau de soja.
Elle peut aussi concurrencer de façon efficace le tourteau de colza. C'est ce qui a été testé à la station expérimentale des Trinottières (Maine-et-Loire). Un essai sur l'utilisation de drêches de blé déshydratées, en substitution au tourteau de colza industriel, a été réalisé sur des rations à base d'ensilage de maïs et d'enrubannage de luzerne. Ces drêches proviennent de l'usine Cristanol, à Bazancourt (Marne), et sont commercialisées par Désialis sous la marque Weefirst. La provenance de la drêche a son importance car d'une usine à l'autre, le procédé de fabrication peut être différent et impacter significativement leur qualité.
À Bazancourt, les sons n'entrent pas dans la fermentation et ne sont réincorporés aux drêches qu'en fin de process, ce qui préserve l'amidon. Désialis annonce ainsi des valeurs alimentaires, en g/kg de matière sèche, de 1,05 UFL, 203 PDIN, 136 PDIE et 81 PDIA.
L'essai des Trinottières a été réalisé en début de lactation pendant dix semaines sur trois lots de dix-neuf vaches prim'holsteins. Une période de transition a permis d'amener progressivement les animaux à leur régime expérimental.
MOINS CHÈRES QUE LE TOURTEAU DE COLZA
Les trois lots ont reçu une ration complète possédant la même base fourragère (ensilage de maïs et enrubannage de luzerne), mais aussi 800 g chacun de tourteau de colza tanné. Le lot témoin était complété avec 5 kg de tourteau de colza, le lot 1 recevait 2,5 kg de tourteau de colza et 2,5 kg de drêches de blé, le lot 2 recevait uniquement 5 kg de drêches de blé. Les trois rations ont été consommées de la même façon. La différence d'ingestion de 1,4 kg entre le lot « drêches » et le lot « colza » n'est pas statistiquement significative. Cette petite différence d'ingestion n'entraîne pas de baisse de la production du lait brut entre les trois lots. Par contre, la baisse du TP est significative pour la ration « 100 % drêches ». « Cette baisse peut être due à un bilan énergétique légèrement plus faible pour le lot avec drêches ou à un déficit en lysine digestible avec ce coproduit », notent les auteurs de l'expérimentation. Quoi qu'il en soit, leur conclusion est que les drêches de blé utilisées ici permettent de remplacer tout ou partie du tourteau de colza, sans modifier notablement les performances zootechniques des vaches laitières hautes productrices. Un résultat d'autant plus intéressant que les drêches de blé sont vendues à un prix sensiblement inférieur au tourteau de colza. Le prix départ Marne se situe aux environs de 190 €/t. « La substitution du tourteau de colza par les drêches de blé est de 1 kg pour 1 kg. Pour tenir compte de la légère baisse de taux, il faudrait que les drêches ne dépassent pas 220 €/t quand le tourteau de colza est à 240 €/t », précise Benoît Rouillé, de l'Institut de l'élevage. Aujourd'hui, les drêches de blé Désialis ne sont pas vendues en direct. Elles passent par le réseau des fabricants d'aliments.
DOMINIQUE GRÉMY, D'APRÈS UNE COMMUNICATION 3R
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
« J’ai opté pour un système très simple car c’est rentable »
Réformer ou garder ? 26 éleveurs dévoilent leur stratégie de renouvellement
Le vêlage 2 ans n’impacte pas la productivité de carrière des vaches laitières
FCO : le Grand Ouest en première ligne
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Pourquoi la proposition de budget de l’UE inquiète le monde agricole
Matériel, charges, prix... Dix agriculteurs parlent machinisme sans tabou
Quelles implications environnementales de la proposition de l’UE pour la Pac ?