BONNES PRATIQUES D'ENSILAGE DE MAÏS : PEUT MIEUX FAIRE

Pas d'ensilage bien tassé (plus de 240 kg de MS /m3) sans poids de tracteur adapté à la vitesse de récolte de l'ensileuse.© THIERRY PASQUET
Pas d'ensilage bien tassé (plus de 240 kg de MS /m3) sans poids de tracteur adapté à la vitesse de récolte de l'ensileuse.© THIERRY PASQUET (©)

Une enquête menée dans cinquante-cinq élevages laitiers pointe du doigt que seulement 30 % des silos sont assez tassés et que nombre d'entre eux chauffent… Des pertes de matière sèche à la clé.

LALLEMAND(1) A EU LA BONNE IDÉE DE COMMANDER à Amaury Périlhou, un élève de l'École d'ingénieur de Purpan, une étude sur les pratiques d'ensilage de maïs. Cinquante-cinq silos du grand Ouest, du Centre, de Rhône-Alpes et du Sud-Ouest ont été passés au crible. La méthode utilisée est à la portée de tout éleveur, développée par Lallemand à destination des techniciens, pour apprécier de façon objective la qualité d'un ensilage. Elle repose sur la mesure de trois critères.

Tout d'abord, la température à 20 cm de profondeur. Comparée à celle de l'air ambiant, elle permet de juger de la stabilité aérobie de l'ensilage. Un écart de plus de 3°C signe un problème d'échauffement. Autre critère généralement sans souci avec le maïs : le pH mesuré avec une bandelette et apprécié en fonction du taux de MS. À 30 % de MS, il faut être à moins de 4, à 35 % de MS à moins de 4,2-4,3. Troisième critère : la densité mesurée à l'aide d'une carotteuse dont le prélèvement est pesé.

70 % DES SILOS SONT INSUFFISAMMENT TASSÉS

La photo de ces maïs récoltés à 32 % de MS est sans appel : moins de 30 % sont assez tassés et dépassent le seuil requis de 240 kg de MS/m3… avec, à la clé, des pertes de MS. Ce constat laisse à réfléchir quand on sait ce que coûte 1 ha de maïs ensilé. « Dans des conditions idéales de récolte, il faut s'attendre a minima à des pertes totales de 7 % de MS, dont 4 % du fait des fermentations. Soit pour 100 VL consommant 13 kg de MS/j, à 100 /t de MS, 3 500 partis en fumée. À 15 % de perte, niveau communément atteint sur un silo insuffisamment tassé, ce sont 4 400 de manque à gagner supplémentaire », rappelle Bernard Andrieu, responsable technique chez Lallemand. Les raisons de ces défauts de tassement sont multiples. Pointée du doigt, la vitesse de remplissage du silo est plus fondamentale que le poids du tracteur-tasseur. Plus elle augmente, moins les silos sont tassés. D'où la question de la capacité des ensileuses utilisées et des moyens de tassement mis en face. Avec une 6 rangs, récoltant 2 ha/h, 1,7 tracteur et un poids total sur le silo de 11 t, on observe une densité moyenne de 212 kg de MS/m3. Elle est encore plus insuffisante avec une 8 rangs débitant 31 t de MS/h : seulement 189 kg. Et pour cause, il n'y a pas de tracteur en plus. « Il est possible de bien tasser avec une 12 rangs, à condition de jouer sur la vitesse de récolte et/ou la capacité de tassement, souligne Bernard Andrieu. Par exemple, en demandant à l'entrepreneur de rouler moins vite, en augmentant le nombre de tracteurs-tasseurs ou, si le silo est trop étroit, en remplissant deux silos à la fois. » Le type de silo a aussi son influence. Mieux vaut bannir ou limiter la taupinière (162 kg de MS/m3 avec, au mieux, une densité de 199 kg). Le silo demi-couloir n'est pas idéal (181 kg de MS/ m3). Mais certains réussissent à en maîtriser le tassement (255 kg). C'est celui qui assure, en moyenne, les meilleures densités (217 kg de MS/m3), mais avec des extrêmes importantes (144 à 308 kg de MS/m3). La hauteur joue également. Les silos de plus de 1,80 m sont en moyenne plus denses (215 contre 173 kg). Pour autant, on y retrouve des silos mal tassés. Dernier critère attendu influençant la densité : la finesse de hachage. Plus il est grossier, moins les silos sont tassés. Là aussi, sachez être exigeant avec l'entrepreneur pour qu'avec sa 12 rangs, il n'ouvre pas trop le crackeur pour économiser du fuel ou qu'il n'aille pas trop vite au risque de ne pas « hacher » assez court.

Autre défaut mis à jour, l'échauffement du front d'attaque… avec à la clé d'autres pertes de MS. Pour rappel, un ensilage à 30 % de MS dont la température dépasse en été de 5°C celle de l'air ambiant, perd 1,2 % de MS/j. Ce souci touche en priorité les ensilages sans conservateur (25 des 55 silos étudiés) avec un écart de température moyen pointé à + 8°C, loin des 3°C maximum à viser (mesures effectuées l'été 2011). Seulement 40 % d'entre eux atteignent l'objectif.

MOINS D'ÉCHAUFFEMENT AVEC UN INOCULANT

En revanche, les 21 silos réalisés avec un inoculant à base de bactéries buchneri (souche NCIMB 40 788) dosées à 300 000 UFC(2)/g de fourrage, sont dans les clous (augmentation de température limitée à 1°C). La dose et la souche semblent avoir toutefois leur importance. Témoin, les résultats de 9 silos faits avec une autre souche de buchneri à 100 000 UFC/g de fourrage : 4 silos seulement sont en deçà de l'objectif des 3°C.

L'analyse des profils fermentaires éclaire sur les raisons de cette stabilité aérobie variable. On retrouve avec les buchneri une concentration plus forte d'acide acétique, mais aussi propionique (surtout pour l'inoculant à 300 000 UFC)… un cocktail à l'effet antifongique connu. Sans surprise, les silos chauffent davantage en haut où ils sont moins denses. À densité égale, ceux enrichis en inoculant affichent une température moyenne moindre. Autre facteur d'influence connu de la stabilité aérobie : la vitesse d'avancement du front d'attaque. À plus de 15 cm/j, la différence de température avec l'air ambiant est nulle, entre 5 et 15 cm, elle est de +3,3°C et en deçà de 5 cm de +5,2°C. Là encore, un inoculant efficace, suffisamment concentré, apparaît efficace pour pallier, dans une certaine mesure, un avancement trop lent.

JEAN-MICHEL VOCORET

(1) Spécialiste des conservateurs microbiologiques d'ensilage.(2) Unité formant une colonie de bactéries.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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