UNE VESCE-AVOINE EN DÉROBÉE DANS LA RATION MAÏS

DES PERFORMANCES MAINTENUES MALGRÉ DES MATIÈRES SÈCHES PÉNALISANTES
DES PERFORMANCES MAINTENUES MALGRÉ DES MATIÈRES SÈCHES PÉNALISANTES (©)

Les essais menés par le pôle de compétence laitier de Bourgogne montrent que l'introduction de vesce-avoine s'intègre bien à une ration à base de maïs ensilage, sans nuire aux performances technico-économiques des laitières.

DANS DES RÉGIONS OÙ COHABITENT GRANDES CULTURES ET ÉLEVAGE, l'implantation en dérobée estivale d'associations de légumineuses ou de protéagineux tels que la vesce-avoine peut améliorer l'autonomie protéique des troupeaux laitiers sans pénaliser les cultures de vente. Telles sont les conclusions des travaux menés par le pôle de compétence laitier de Bourgogne, qui réunit chambres d'agriculture et conseils élevage de la région.

DANS LES FERMES DE LA BAROTTE ET DE FONTAINES

Entre l'automne 2013 et juin 2014, deux essais ont ainsi été menés dans les fermes expérimentales des lycées de la Barotte (Côte-d'Or) et de Fontaines (Saône-et-Loire).

Une ration maïs comportant 17 à 22 % de MS d'un mélange de vesce-avoine a été testée. Elle a été distribuée sous forme enrubannée (essai 1) ou ensilée (essai 2) à deux lots d'une trentaine de laitières en phase descendante de lactation, et comparée à une ration maïs ensilage avec un peu de foin.

Dans l'essai 1 conduit au lycée de la Barotte, la ration expérimentale se composait de 12,2 kg de MS maïs ensilé, de 0,9 kg de foin, de 2,8 kg de MS de vesce-avoine enrubannée, de 3,4 kg de concentré de production, de 1 kg de concentré azoté et de 300 g de minéraux. À la ferme de Fontaines, l'alimentation distribuée dans le cadre de l'essai 2 comportait 10,7 kg de MS d'ensilage maïs, 0,8 kg de foin de luzerne, 3,4 kg de MS de vesce-avoine, 2 kg de céréales (blé-maïs), 4,1 kg de concentré azoté, 50 g d'urée et 250 g de minéraux. Pendant onze à quatorze semaines, les performances des deux lots ont été comparées à celles des lots témoins. La vesce-avoine avait été implantée en dérobée mi-juillet 2013 et récoltée mi-octobre avec un rendement de 3,5 t de MS à l'hectare. Les valeurs moyennes du fourrage enrubanné s'établissaient à 20 % de MS, 0,54 UFL, 29 PDIA, 102 PDIN, 58 PDIE et 175 de MP. Pour le fourrage ensilé, elles étaient de 15 % de MS, 0,67 UFL, 26 PDIA, 74 PDIN, 70 PDIE et 126 de MP. « Le contexte climatique particulièrement défavorable de l'automne a retardé la récolte et affecté le taux de MS et la valeur azotée de la vesce-avoine, précise Denis Chapuis de la chambre d'agriculture de Saône-et-Loire, coordinateur de l'étude(1). Le taux de MS de l'enrubanné vesce-avoine s'est établi à 20 % au lieu de 50 % en moyenne, celui de l'ensilage s'est élevé à 15 % au lieu de 25 à 28 %. » Les mêmes mélanges récoltés en ensilage en 2014 en bonnes conditions ont été analysés à plus de 40 % de MS et environ 0,8 UFL et 110 PDIN.

Dans l'essai 1 (mélange enrubanné), une baisse notable de l'ingestion a été constatée (- 2,2 kg par jour). Elle s'est répercutée sur le niveau de production (- 2 kg). Le TB s'est par contre amélioré légèrement par concentration. Dans l'essai 2 avec le mélange ensilé, aucune différence d'ingestion et de production n'a été enregistrée entre le lot témoin et le lot expérimental.

AJUSTER LA RATION

Dans les deux essais, aucun écart n'a été observé sur la note d'état corporel (reprise d'état et de poids). Le taux d'urée est plus élevé avec la vesce-avoine, mais les valeurs se situent toutes dans l'intervalle optimal d'utilisation de l'azote. Les familles d'acides gras sont présentes dans des proportions similaires. « La ration expérimentale avec la vesce-avoine réduit légèrement le déséquilibre entre oméga 6 et oméga 3, mais le ratio reste tout de même supérieur aux recommandations », note Denis Chapuis. L'efficacité alimentaire est peu affectée, voire améliorée.

Sur le plan économique, la baisse de production observée dans l'essai 1 (vesce-avoine enrubannée) est compensée par un coût de ration plus faible (- 17 €/1 000 l).

Malgré des valeurs très pénalisantes de MS, l'introduction de 20 % environ de MS de fourrage de vesce-avoine enrubanné ou ensilé dans une ration à base d'ensilage maïs n'a pas ou très faiblement eu d'impact sur les performances zootechniques et économiques du troupeau. « Les valeurs alimentaires du fourrage récolté varient selon les conditions climatiques et le développement du protéagineux dans le mélange, ce qui nécessite un ajustement de la ration », conclut Denis Chapuis.

ANNE BRÉHIER

(1) Les essais ont été conduits avec l'appui méthodologique de l'Institut de l'élevage. Contact : Denis Chapuis au 03 85 91 07 33.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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