
Grâce à des analyses, le Gaec des Grands Monts connaît la valeur de son lisier et le valorise au maximum pour faire des économies d'engrais.
AU SEIN D'UNE SOCIÉTÉ CIVILE LAITIÈRE, les associés du Gaec des Grands Monts conduisent un troupeau de 145 vaches laitières installées dans des logettes sur tapis et sciure. Conscients de la valeur des effluents, ils tentent d'exploiter au mieux lisiers et fumiers « Nous gérons essentiellement du lisier, précise Jean Dieudonné, l'un des membres du Gaec. Le troupeau en produit 4 000 m3 chaque année. Quant aux génisses, elles génèrent 400 t de fumier. »
Afin de bien connaître la qualité du lisier, des analyses sont effectuées. L'exploitation a la particularité d'être équipée d'un séparateur de phase. Le lisier de la stabulation s'écoule d'abord dans une préfosse de 300 m3. À l'intérieur, un broyeur homogénéise le liquide Il est ensuite pompé pour être acheminé vers le séparateur installé en hauteur. Le lisier passe alors à travers une grille. La partie solide tombe en contrebas tandis que le liquide s'écoule vers une fosse de réception. « Nous avons été surprisd'apprendre que ces deux produits avaient presque la même composition. Ils contiennent chacun environ 3,5 kg/t d'azote ammoniacal, 2,10 kg/t de phosphore et 2,90 kg/t de potassium. Les analyses étant très stables d'une année à l'autre, nous avons cessé d'en réaliser depuis cinq ans », déclare-t-il.
LE LISIER DU SÉPARATEUR DE PHASE NE BRÛLE PAS LES FEUILLES DE BLÉ
Ce lisier est ensuite épandu sur des parcelles situées à proximité du siège de l'exploitation. Trois cultures sont concernées et reçoivent chacune 20 t/ha. Sur le blé tout d'abord, l'épandage est réalisé en février et se substitue à un premier apport d'azote minéral. « Nous économisons ainsi 30 à 40 unités par hectare, explique Frédéric Lefort, un second associé. Ce lisier ne contient que 4,8 % de matière sèche contre plus de 8 %pour le lisier brut. Il est beaucoup plus facile à épandre à l'aide de notre tonne munie d'une rampe pendillard. Il présente aussi l'avantage de ne pas brûler les feuilles de blé. » Malgré un potentiel de rendement relativement élevé d'en moyenne 85 q/ha, seulement 160 unités d'azote sont apportées en trois fois. Cette quantité est ajustée en fonction du précédent cultural. Lorsqu'une luzerne ou un pois est implanté auparavant, elle est limitée à 130 unités. La méthode Jubil est aussi utilisée pour mieux ajuster les doses en fonction des besoins de la plante. Elle consiste à presser le blé au stade de la dernière feuille et à analyser son jus.
L'AZOTE MINÉRAL SUR LE COLZA AJUSTÉ AVEC LA RÉGLETTE DU CÉTIUM
« Cette année, à cause de la sécheresse, certaines parcelles n'ont pas reçu ce dernier apport car nous avons estimé que les rendements seraient moins élevés. Au final, nous avons récolté 78 q/ha en moyenne, avec des variations de 55 à 95 q/ha. »
Sur le maïs, l'épandage du lisier a lieu également en février. En théorie, il devrait être réalisé un peu plus tard, mais les terres argileuses de l'exploitation ne le permettent pas. Cette culture ne reçoit ensuite que 80 unités d'azote au stade cinq à six feuilles pour un potentiel de rendement de 13,5 t de matière sèche.
Quant au colza, l'épandage est réalisé avant le semis. En moyenne, 170 unités d'azote chimique sont ensuite apportées en deux fois. Là encore, le dosage est ajusté, cette fois-ci grâce à la réglette du Cétium. Selon les parcelles, il peut varier de 130 à 200 unités pour un potentiel de moyen de 42 q/ ha. « Je pense que l'azote de ce lisier est valorisé à 100 % sur le maïs, à 70-80 % sur le colza mais à 50 % sur le blé », déclare Jean Dieudonné. Afin d'éviter tout risque sanitaire comme, par exemple, la paratuberculose, ce lisier n'est pas épandu sur les pâtures. Seules les génisses sortent à l'herbe. Les vaches sont conduites en zéro pâturage et consomment une ration complète. « Nous avons essayé de les faire pâturer mais le piétinement était trop important », complète Jean Dieudonné.
La partie solide, qui représente un volume de 1 200 t/an, est quant à elle acheminée sur un autre corps de ferme situé à 10 km du siège. Elle est épandue au même moment que le fumier, en août, avant les semis de blé à raison de 30 t/ha. Elle contient environ 25 % de matière sèche.
À l'origine, le Gaec a investi dans un séparateur de phase afin d'épandre cette partie solide dans les logettes.
Pendant quelques années, ce changement n'a pas posé de problèmes. « Puis nous avons observé une augmentation du nombre de mammites. Nous avons alors préféré recommencer à mettre de la sciure sur les tapis. La situation sanitaire s'est bien améliorée, mais nous ne savons pas si elle est liée à ce changement car, en parallèle, nous avons revu l'alimentation des vaches et réalisé un contrôle de notre machine à traire… », explique Jean Dieudonné.
La fertilisation de fond est ajustée en fonction des résultats d'analyses de sol réalisées tous les cinq à six ans. Les maïs n'en reçoivent aucune. 100 kg de super 45 (engrais phosphaté) sont épandus sur certaines parcelles de blé et de colza. Pour cette dernière culture, les associés ajoutent aussi parfois 150 kg de potasse. « Ces effluents sont d'une grande valeur puisqu'ils nous font économiser environ 15 000 euros par an. »
NICOLAS LOUIS
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