
La campagne 2010 en a fait la démonstration : le progrès génétique obtenu sur le maïs a permis une résistance parfois spectaculaire au stress hydrique. Raison de plus pour ne pas s'en passer et essayer quelques nouveaux hybrides présents sur le marché.
LE RÉSEAU D'ESSAIS D'ARVALIS INSTITUT DU VÉGÉTAL compare, chaque année, des variétés inscrites au catalogue français et notamment les nouveaux hybrides disponibles pour les éleveurs. Ce réseau permet de caractériser les variétés sur les critères agronomiques de précocité, de rendement, de valeur énergétique et, éventuellement, de résistance à la verse. La comparaison des nouveautés s'effectue toujours avec des variétés de référence et dans différentes zones agroclimatiques auxquelles ces variétés sont destinées. En maïs-fourrage, trois niveaux de précocité sont regroupés.
Cette année, seul le groupe précoce de la zone Est n'a pas pu être regroupé du fait d'un nombre insuffisant d'essais, à cause de problèmes de levée ou de dégradations par des ravageurs. Les essais sont réalisés en petites parcelles au champ mais en conditions de grandes cultures. Chaque tableau débute par les variétés de référence. Ce sont des hybrides largement cultivés et reconnus pour leurs bons résultats. Ils servent aussi de témoin de productivité et de précocité dans la série. Suivent les variétés testées pour la deuxième ou troisième année consécutive en raison de leurs bons résultats au cours de l'année précédente. Enfin, les variétés testées pour la première fois représentent la nouvelle génétique disponible.
COMMENT LIRE LES TABLEAUX
Le rendement est exprimé en pourcentage de la moyenne des rendements de tous les hybrides de la série. Cette moyenne est indiquée au bas de chaque tableau en tonne de matière sèche par hectare (t de MS/ha). Autant que le rendement, il faut juger ici la régularité du comportement de l'hybride. Cela s'apprécie avec l'écart type (ET) : plus sa valeur est faible plus l'hybride a été régulier dans les différents lieux d'expérimentation. Pour les variétés en deuxième et troisième années, il faut bien sûr tenir compte des résultats de 2008 et 2009. Il est important de pondérer le résultat sur le rendement au regard de la précocité de la plante (une variété plus tardive possédant naturellement un potentiel de rendement plus important). Dans tous les tableaux, les hybrides sont classés par ordre croissant de tardiveté.
Celle-ci est évaluée par la teneur en MS. Plus elle est faible, plus la variété est tardive. La valeur alimentaire est donnée en UFL/kg de MS. Comme pour le rendement, elle est exprimée en pourcentage de la moyenne de la série. Elle atteint cette année un niveau exceptionnel de 0,94 UFL dans quasiment toutes les séries. Il faudra donc relativiser les notes légèrement en dessous de la moyenne. Dans les commentaires, nous donnons parfois des informations sur le Dinag qui évalue la digestibilité de la tige et des feuilles (élément de la valeur UFL) pour mieux caractériser la valeur alimentaire. En 2010, cette valeur Dinag est en moyenne supérieure aux trois dernières années.
VARIÉTÉS TRÈS PRÉCOCES
Parmi les valeurs sûres, Coxximo (RAGT), variété de huit ans d'âge, confirme ses rendements réguliers avec une précocité dans la moyenne. Notons qu'elle est sensible à l'helminthosporiose. Ce qui n'est pas le cas de NK Falkone (Syngenta), tout aussi régulier. Les valeurs alimentaires sont en dessous de la moyenne mais rappelons que celle-ci est très élevée cette année (0,94 UFL/kg de MS). Konsensus (KWS) affiche aussi une belle régularité sur le rendement. En deuxième année, Rebbel (Semences de France) est remarquable pour sa précocité. C'est peut-être ce qui a handicapé son rendement 2010 avec une forte sécheresse et des orages qui ont pu arriver un peu tard pour lui. Il conserve cependant une bonne valeur alimentaire. En milieu de groupe, un noyau de plusieurs hybrides est difficile à partager. Les deux plus tardifs LG 3234 (Limagrain) et ES Fortran (Euralis) s'en sortent logiquement mieux. Pour les zones très froides, il faut toujours rester attentif à la précocité. Parmi les nouveautés, peu de très bonnes surprises. Citons DKC 3301 (Monsanto) avec un très bon rendement pour son niveau de précocité et une bonne valeur énergétique. Eliot (Advanta) affiche le meilleur potentiel de rendement de la série à 104,5 %, mais sa valeur alimentaire est en dessous de la moyenne.
LES VARIÉTÉS PRÉCOCES
Parmi les références, Ronaldinio (Semences de France), première variété vendue en France, confirme dans l'Ouest mais déçoit un peu en zone Nord. Elle reste une valeur sûre au regard de son passé, de sa régularité et surtout de sa précocité. Sa valeur énergétique est dans la moyenne. LG 3276 (Limagrain) se comporte bien en Bretagne-Pays de Loire, mais déçoit nettement en Normandie et Nord, malgré sa bonne valeur alimentaire. Il présente notamment une digestibilité tige feuille au-dessus du lot. Maibi (Caussade) confirme son potentiel de rendement depuis plusieurs années, mais c'est un tardif dans ce groupe. Il pourrait présenter une petite sensibilité à la verse et sa valeur alimentaire est inférieure aux précédents. Ensuite, Hendrixx (RAGT) affiche un bon niveau, de la régularité avec une précocité intéressante. Il a une bonne tenue de tige et un bon comportement face aux contraintes hydriques. Il est tolérant à l'helminthosporiose, mais la valeur alimentaire n'est pas son fort. Ingrid (Limagrain) présente un excellent potentiel de rendement mais c'est un tardif dans ce groupe. Il est injustement handicapé par son gabarit trapu qui ne tape pas dans l'oeil. En deuxième année, on retiendra Kompromis (KWS), un hybride à grand gabarit mais dont la valeur alimentaire est inférieure à la moyenne : riche en grains mais Dinag en bas du classement. Anjou 287 (Limagrain) a une précocité entre milieu et fin de groupe, et de bons rendements sur deux ans. Il présente une bonne vigueur au départ, mais sa valeur énergétique est plus faible malgré un assez bon Dinag. Parmi les nouveautés, il faudra retenir Geoxx (RAGT) pour son rapport rendement/ précocité mais qui a tendance à avoir une fin de cycle très rapide. Sa valeur énergétique est en dessous de la moyenne. En milieu de tableau, DKC 3491 (Monsanto) se remarque par son rendement et sa valeur alimentaire. Il est précoce à la fl oraison. Plus tardif, LG 30275 (Limagrain) possède un bon potentiel avec un beau gabarit et une bonne digestibilité tige-feuilles. En dehors de ces trois-là, il existe un noyau d'hybrides en milieu de tableau qui, sans se démarquer particulièrement, ont des qualités dans la moyenne en termes de rendement, de précocité et de valeur énergétique.
LES VARIÉTÉS DEMI-PRÉCOCES
LG 3264 (Limagrain) est sans conteste l'une des variétés qui se démarque de ce groupe : rendements réguliers d'un bon niveau, très bon en valeur alimentaire et en Dinag pour, au final, un rapport UFL/ha parmi les plus élevés. LG 3264 a affiché un bon comportement sous contraintes hydriques. Son partenaire Seiddi (Caussades) a lui aussi un beau potentiel, mais apparaît plus faible en UFL. C'est aussi l'un des plus tardifs de la série. Citons aussi DK 287 (Monsanto), une variété déjà ancienne qui affiche toujours une bonne régularité et des valeurs alimentaires, mais sa productivité est en retrait. Impérius (Caussades) est l'une des vedettes du groupe avec de très bons résultats depuis trois ans. Il est en outre précoce à la floraison et présente un très beau gabarit qui impressionne. Il a aussi une bonne vigueur au départ et une très bonne valeur alimentaire (moyen en Dinag). Impérius présente un beau potentiel pour un produit précoce. C'est donc une valeur sûre. Les variétés en deuxième année d'expérimentation ont toutes plongé. On peut quand même remarquer Dianoxx (RAGT) qui a déçu en rendement dans l'Ouest mais qui apporte une bonne valeur alimentaire et un bon Dinag. NK Cubic (Syngenta) s'en sort mieux dans l'Est avec aussi une bonne valeur UFL. Parmi les nouveautés, il faut noter ES Charter (Euralis) qui offre du volume et un bon potentiel, même si sa floraison est un peu tardive et sa valeur alimentaire légèrement en dessous de la moyenne.
Aapple (Adventa) sera aussi à revoir. Il a été régulier dans l'Ouest avec un beau gabarit, mais c'est une fin de groupe en terme de précocité. Koblens (KWS) possède la plus forte productivité du groupe dans l'Est avec 106,3 % de la moyenne, avec une précocité moyenne. Ce n'est donc pas sa tardivité qui fait son niveau de rendement. À revoir aussi Mas 28F pour sa bonne valeur énergétique et son potentiel qui s'est exprimé dans les essais de l'Est.
DOMINIQUE GRÉMY
Parmi les nouveautés, DKC 3491 se remarque par son rendement et sa valeur alimentaire © WATIER VISUEL
LG 3264 est sans conteste la variété de référence des demiprécoces. Une valeur sûre en rendement et UFL/ha. © WATIER VISUEL
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