Au Gaec Méribel, la connaissance du taux d'urée dans le lait permet d'ajuster, mois par mois, la complémentation du troupeau.
BAISSER EN CONCENTRÉS SANS PERDRE EN PRODUCTION », telle est la philosophie de Martine Faivre, dont le troupeau d'abondances affiche une moyenne annuelle de 6 000 kg de lait par vache, en filière AOC Reblochon. « Le suivi d'urée réalisé avec le contrôle laitier de Haute- Savoie m'a confortée dans l'idée que nous donnions trop d'azote. Quand le lait baissait, nous avions tendance à augmenter le tourteau. Mais cet apport n'était pas toujours valorisé. » En trois ans, Martine a économisé 3,2 t de tourteau 42, soit un tiers des quantités distribuées, tout en maintenant les performances. Cela représente une économie de 35 €/vache/an ou 5,80 €/1 000 kg de lait.
« INTÉRESSANT AVEC DES VALEURS DE FOURRAGES FLUCTUANTES »
Depuis fin 2007, les quantités de correcteur azoté et de concentrés sont revues chaque mois en fonction des résultats d'analyse d'urée dans le lait et du stade de lactation.
« Les chiffres nous sont communiqués par mail moins d'une semaine après le contrôle laitier, précise la jeune éleveuse. Je regarde les quantités d'urée et d'énergie, en prêtant une attention particulière aux résultats des vaches en début de lactation. Mon objectif est de rester entre 250 et 350 mg d'urée par litre de lait. Je regarde les taux et je tiens compte aussi des bouses des animaux. Pour corriger les apports, je me fie aux commentaires d'Élevage Avenir 74. Si une baisse de 500 g de tourteau est préconisée, je commence à réduire de 200 g et je vois si le lait ne baisse pas trop. J'en rediscute avec le contrôleur. »
En système foin-regain où la valeur des fourrages fluctue d'une parcelle à l'autre, le suivi d'urée est particulièrement intéressant. Au Gaec Méribel, les rations revues quatre à cinq fois par an restent en effet théoriques. « En vrac, les quantités distribuées restent approximatives, constate Martine. Et compte tenu des problèmes d'échantillonnage, il est difficile de se fier aux résultats d'analyses de foin. Dans ces conditions, il est important de voir comment ça répond derrière. »
Réactive et équipée d'un Dac qui permet d'ajuster la complémentation vache par vache, Martine tire profit du suivi individuel d'urée. « L'été, je ne donne plus de tourteau 42. » C'est une économie appréciable compte tenu des prix (400 €/t pour le tourteau de soja non-OGM exigé par le cahier des charges AOC). Alors que l'hiver, les vaches nourries avec du foin à volonté (10 kg de regain et 9 kg de foin de séchage) reçoivent, en moyenne, 6 kg de concentré (8 kg maximum), au printemps, elles n'en ont plus que la moitié. Un niveau qui correspondait en mai, juin et juillet derniers à 140 g de concentré par litre de lait. Sur l'herbe, la mesure de l'urée est un bon indicateur. « Au pré, on ne connaît ni la quantité ingérée ni la valeur de l'herbe.
En ce début d'automne 2010, les vaches manquaient d'énergie. Nous avions surestimé la valeur de l'herbe apportée en vert à l'auge et issue de nouvelles prairies implantées en partie avec de la luzerne. D'autant plus que, faute de surface disponible autour des bâtiments (10 ha seulement), le pâturage est plutôt de type gazon court. Après correction, le TP est remonté. »
« UN INDICATEUR SUPPLÉMENTAIRE QUI ME TRANQUILLISE »
Toujours à l'affût, Martine continue de s'interroger. Alors qu'elle se servait du suivi d'urée pour réduire les tourteaux, elle a l'impression qu'elle a désormais des alertes concernant plutôt l'énergie. Serait-elle allée trop loin dans l'économie ? La composition du mélange fermier identique sur l'année (50 % de maïs-50 % d'orge) est-elle bien adaptée ?
La qualité de l'aplatissage à rouleaux est-elle la bonne ? « Pour les vaches à plus de 30 kg de lait, l'idéal serait de donner 4 kg de céréales aplaties. Mais au-dessus de 3,5 kg, les vaches se bloquent un peu et ont tendance à faire de l'acidose. » Pour assurer une stabilité ruminale suffisante, Martine a modifié la distribution de l'alimentation.
Depuis la rentrée à l'étable, du foin grossier est donné matin et soir en début de repas. Les bouses ont changé, signe que l'alimentation est mieux valorisée. « Si les vaches digèrent mieux, elles tireront mieux partie du concentré qu'on leur donne ».
Par ailleurs, le Dac ne passe plus que quatre fois par jour au lieu de six précédemment. Aujourd'hui, il serait difficile pour Martine de se passer du suivi d'urée. « Avec cet indicateur supplémentaire, l'alimentation est mieux suivie et cela me tranquillise. L'outil coûte 240 €/an, mais on s'y retrouve largement tant sur le plan sanitaire (70 % des causes d'infertilité sont liées à une alimentation déséquilibrée) qu'économique. Si les vaches manquent d'énergie, elles vont baisser en TP. Or, le TP est ici valorisé 5 €/1 000 l. »
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