QUATRE DRÊCHES DE BIOÉTHANOL À VALORISER DANS L'ALIMENTATION

La ferme expérimentale des Trinottières procède à un essai de la drêche de blé de l'usine de Bazancourt qui vient se substituer au tourteau de colza.© DG
La ferme expérimentale des Trinottières procède à un essai de la drêche de blé de l'usine de Bazancourt qui vient se substituer au tourteau de colza.© DG (©)

En France, quatre unités produisent un coproduit de différentes qualités à partir du blé ou du maïs. Des essais sont en cours pour évaluer leurs intérêts nutritionnels.

LE TOURTEAU DE COLZA EST UNE MATIÈRE PREMIÈRE bien connue des éleveurs ; les drêches de distillerie, autre coproduit de l'industrie des agrocarburants, beaucoup moins. Pourtant, elles présentent un réel intérêt pour l'alimentation animale. « Avec le développement des agrocarburants, leurs volumes se sont envolés. En quatre ans, la production française a été multipliée par six pour atteindre 700 000 tonnes. Mais chaque usine fabrique un coproduit différent en fonction de la matière première et du procédé de fabrication », analyse Benoît Rouillé, animateur du comité national des coproduits. Depuis quelques années, les industriels ont réalisé d'importants efforts pour élaborer un produit stable et homogène (voir tableau page de droite). En France, on dénombre quatre unités de production, dont trois transforment du blé. La drêche de l'usine de Lillebonne, en Seine-Maritime, provient d'un processus de fabrication relativement classique. Le grain entier est broyé puis fermenté avant d'être distillé pour en extraire l'éthanol. Cette drêche dite « simple » possède une teneur protéique proche d'un tourteau de colza (35,5 % de matières azotées totales) mais présente l'intérêt d'être plus énergétique (UFL de 1,1). « Elle est particulièrement bien adaptée à l'alimentation des ruminants à la recherche de sources azotées. »

La seconde unité est située à Bazancour, dans la Marne. Elle a la particularité de séparer les sons de la farine avant de démarrer le processus de fermentation. Ce composant est ensuite réintroduit dans le gâteau protéique issu de la distillerie. Comparée à celle de Lillebonne, cette drêche possède une teneur en amidon plus élevé (135 g/kg de matière sèche contre 31). En revanche, les protéines sont diluées et se retrouvent donc en plus faible proportion (32 % de MAT). « Il en résulte une drêche plus énergétique et moins protéique que celle de Lillebonne. »

Une troisième unité travaille elle aussi à partir du blé. Elle est située à Beinheim, dans le Bas-Rhin. En plus des sons, cette usine retire le gluten en début de process. Le produit final se différencie des deux autres usines par une teneur protéique moins élevée (21,3 % de MAT).

La dernière unité fabrique une drêche à partir du maïs. L'usine est implantée à Lacq, dans les Pyrénées-Atlantiques. Le coproduit se révèle plus énergétique (UFL de 1,3).

LA DRÊCHE DE LILLEBONNE NÉGOCIÉ 205 EUROS/TONNE

L'essentiel des volumes est vendu aux fabricants d'aliments du bétail sous la forme déshydratée. Il est très rare de voir des agriculteurs s'approvisionner directement auprès des usines. Malgré tout, ils peuvent s'en procurer en passant par des négociants « Ces coproduits représentent un pourcentage non négligeable du chiffre d'affaires de cette industrie. Il varie, en moyenne, de 20 à 25 % , voire 30 %, ce qui peut avoir une influence sur le prix. »

D'avril à juin derniers, la drêche de Lillebonne s'est par exemple négociée à environ 205 euros la tonne (prix départ négociant), celle de Bazancourt autour de 160 euros. Ces industriels tentent de construire une filière pour vendre directement aux agriculteurs une matière première de qualité. Parfois, ils peuvent aussi commercialiser des drêches humides. Elles ne sont pas déshydratées car elles proviennent de chaînes de fabrication de l'éthanol où un problème a été détecté. Avant de les introduire dans l'alimentation animale, les agriculteurs doivent donc analyser leurs compositions.

L'intérêt nutritionnel de ces produits reste encore peu connu. La ferme expérimentale des Trinottières (Maine-et- Loire) vient de débuter un essai sur trois lots de vingt vaches. Elles consomment toutes une ration de base comprenant du maïs-ensilage ainsi que 3 kg de luzerne enrubannée. Afin de l'équilibrer, le lot témoin reçoit 5 kg de tourteaux de colza par vache et par jour.

Cet essai consiste à remplacer un kilo de tourteaux par un kilo de drêches de l'usine de Bazancourt. Le premier lot testé consomme 2,5 kg de tourteaux de colza et la même quantité de drêches, et le deuxième reçoit 5 kg de coproduit. « Les premiers résultats semblent démontrer des performances identiques entre ces trois lots. La drêche ne modifie pas la production laitière ni les taux. Mais cela reste à confirmer. »

LES PERFORMANCES LAITIÈRES SEMBLENT BONNES

La drêche issue de Lillebonne va faire l'objet d'un essai à la ferme expérimentale de la Blanche-Maison. Un essai au lycée agricole de Pau- Montardon a déjà été réalisé sur la drêche de maïs. Deux lots de vaches ont été comparés, chacun consommant de l'ensilage de maïs. Cette fois-ci, ce coproduit est venu se substituer à l'aliment de production. Le lot témoin recevait 4 kg de concentré et le lot expérimenté 2 kg de drêches. Résultats : la production laitière et le TB sont restés identiques. En revanche le TP a baissé de 1,2 point. « Les vaches laitières n'ont pas consommé suffisamment de drêches et la ration a manqué d'énergie. »

La capacité de production des usines françaises est à saturation. Les drêches produites en Europe sont aussi de qualité et bien caractérisées. « Un éleveur peut juger leur qualité à l'oeil nu. Une drêche très foncée a beaucoup chauffé. La protéine risque d'être abîmée et de ne pas être digestible », déclare Benoît Rouillé.

NICOLAS LOUIS

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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